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Lili Dujourie

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Des œuvres murales en fils de fer entre sculptures, lignes et traits de crayon; entre planéité, relief et volume; entre abstraction et humanité.

Les sculptures murales de Lili Dujourie sont trompeuses. Leurs lignes, constituées de fils de fer qui s’entremêlent et se délient, apparaissent comme autant de traits de crayon qui tracent sur les murs blancs de la galerie des dessins abstraits, fluides et épurés. L’absence d’ombre renforce cette impression.

Toutefois, l’œil parcourant ces traits, glissant sur leurs courbes, finit par les dissocier du mur. Les lignes prennent alors du relief pour devenir volumes. De ces formes naissent des êtres qui inspirent à l’artiste des prénoms comme Alphonsine, Eléonore, Hector, Arthur, etc. Ces prénoms évoquent plus qu’ils ne déterminent. Ils donnent à ses contours, à ses lignes de forces, une lecture possible. Ainsi, Hector suggère par l’entrelacement de ses fils de fer la cagoule en cotte de mailles que portaient les chevaliers. Celui-ci, placé en hauteur, oblige le spectateur à lever les yeux vers lui, ce qui inspire un certain respect. Mais, cette forme peut aussi symboliser la guimpe des religieuses ou le voile de certains personnages de la chrétienté. Sa place marque alors une forme d’élévation.

D’autres sculptures, comme Delphine, varient selon l’angle de vue. De face, les lignes épaisses soulignent les formes d’un homme en mouvement. Mais, lorsqu’on regarde cette œuvre en se plaçant sur le côté, les lignes se font plus sensuelles et un visage de femme dont la chevelure semble voler au vent, apparaît. Ailleurs, des lignes plus incisives marquent davantage l’action. Virginie prend ainsi les traits d’une chasseuse prête à tirer. La torsion des fils de fer confère une certaine tension à ce personnage et engendre une impression de rapidité et de vivacité.

Les œuvres que présente ici Lili Dujourie n’ont pas de sujet fixe. Leurs lignes ne prennent formes que sous l’impulsion de l’imagination, de la sensibilité et de la pensée. Elles entretiennent ainsi avec chaque spectateur des relations particulières, intimes. Uniques et en même temps multiples, elles deviennent le support de leurs projections mentales, de leurs propres histoires.

Lili Dujourie :
— Virginie, 2001. Fils de fer. 36 x 108 x 13,5 cm.
— A2, 2000. Fils de fer. 110 x 30 x 17 cm.
— Alphonsine, 2000. Fils de fer. 72 x 62,5 x 19,5 cm.
— Eleonora, 2001. Fils de fer. 63 x 68 x 13,5 cm.
— Delphine, 2001. Fils de fer. 53 x 89 x 19 cm.
— Hector, 2000. Fils de fer. 65 x 29 x 30,5 cm.
— Arthur, 2000. Fils de fer. 47 x 127 x 17 cm.

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