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Ligeia. Renouveau de la peinture

Des artistes peintres parlent de la peinture. Également des réflexions à partir d’expositions diverses et d’œuvres telles celle de Marcel Duchamp ou Luc Tuymans. Une manière originale de s’attacher au renouveau de la peinture.

Rédacteur en chef : Giovanni Lista
— Éditeur : association Ligeia, Paris
— Année : 2006 (janvier-juin)
— Format : 17 x 24 cm
— Illustration : Noir et blanc, couleur
— Pages : 232
— Langue : Français
— ISSN : 0989-6023
— Prix : 24 €

Édito
Par Giovanni Lista. (Extrait)
L’exposition Italia Nova : une aventure de l’art italien, 1900-1950, organisée au Grand Palais, constitue sans aucun doute l’événement majeur de l’actualité artistique de ce printemps parisien. Très appréciée par le grand public, qui s’est montré surpris par la beauté d’un ensemble d’œuvres qu’il ne connaissait point, elle a été accueillie de façon contrastée par les journalistes et les chroniqueurs d’art. Ces derniers semblent avoir mal compris l’enjeu de l’exposition, ainsi que son propos, voire son titre même, se montrant notamment déroutés par le fait que l’on n’y mettait pas en exergue l’adhésion ou le soutien que la plupart des artistes exposés aurait apportée au fascisme mussolinien.

L’organisation d’expositions présentées sous le label de «l’art italien» tient d’une tradition qui remonte à plus d’un siècle. Les titres qu’il faudrait mentionner à ce sujet sont nombreux. On peut se limiter ici à quelques exemples. Une grande exposition intitulée L’Art italien du XIXe et du XXe siècles fut présentée en mai-juillet 1935 au Jeu de Paume, à Paris. Les artistes de l’après-guerre étaient réunis sous le titre Arte italiana, en juin-septembre 1957, à la Haus der Kunst de Munich. L’exposition Identité italienne, organisée au Centre Georges Pompidou en juin-août 1981, présentait l’art des années 60. La postérité de De Chirico et l’essor de l’Arte Povera étaient associés dans l’exposition L’Italie hors d’Italie, présentée au Carré d’Art-Musée d’Art contemporain de Nîmes en juillet-septembre 1987. L’exposition Italian Art in the Twentieth Century, présentée à la Royal Academy of Arts, janvier-avril 1989 à Londres puis en version augmentée à Venise, regroupait les principales tendances d’une évolution allant du symbolisme à l’art objectal et à la Trans-avant-garde. L’exposition Italiens Moderne, organisée au Museum Fidericianum de Kassel, en janvier-mars 1990, montrait les recherches expérimentales menées par le futurisme, le mouvement rationaliste, l’art abstrait. L’exposition Un regard sur l’art italien, présentée en juin-octobre 1992 au Nouveau Musée de Villeurbanne, était en fait entièrement consacrée aux œuvres d’Arte Povera de la collection Christian Stein, aujourd’hui entrées dans la collection François Pinault. L’exposition The Italian Metamorphosis, 1943-1968, présentée au Guggenheim Museum de New York, d’octobre 1994 à janvier 1995, traitait de l’évolution de l’art, de la culture matérielle et des modes de vie dans l’Italie de l’après-guerre. L’exposition L’art italien et la metafisica, 1912-1935, organisée au Musée de Grenoble, en mars-juin 2005, accordait une grande place à la peinture de Sironi. Par ailleurs, elle présentait les mêmes artistes actuellement exposés au Grand Palais, à Paris, sans provoquer ni polémiques ni réprobations morales. L’exposition L’image dans le vide : une ligne de recherche dans l’art italien, 1950-2005 s’ouvrira en octobre prochain au Museo Cantonale d’Arte de Lugano.

Pourquoi cette constante référence à l’Italie et à l’art italien malgré la diversité des contenus effectivement montrés sous ces titres ? Cette particularité découle de deux facteurs. Tout d’abord, l’Italie est traditionnellement perçue, dans le monde entier, comme le pays de l’art, au même titre que la France apparaît comme le pays de la culture. Ainsi, faire appel à un «art italien» revient à attirer le public par une sorte de garantie de qualité ou de haut degré de créativité. Ensuite, pour les Italiens eux-mêmes, I’art semble être un territoire d’élection permettant de se confronter à leur histoire collective puisqu’il est à leur yeux le seul domaine où il est possible de vérifier l’existence d’une identité italienne. Nombreux sont les critiques ou les artistes, de Luigi Russolo à Margherita Sarfatti ou à Luciano Fabro, qui ont affirmé cette vérité; l’Italie n’a existé au fil des époques que par la richesse de ses expressions artistiques. L’exposition du Grand palais ne faillit pas à la règle, y ajoutant au contraire par son titre une allusion savante au mythe de l’Italie nouvelle qui, d’une façon ou d’une autre, est au cÅ“ur de tout l’art moderne italien. (…)

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Ligeia — Tous droits réservés)