ART | CRITIQUE

Libre et Change

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@12 Jan 2008

Célèbre pour ses « organisations d’espace », ses « charges-objets », et plus généralement pour ses liens au ready-made, l’œuvre de Sanejouand est présentée ici par les « Calligraphies d’humeur » : un univers constellé de personnages noir et blanc qui tirent à l’arc à bout portant ou sodomisent un ours, au choix.

Fidèle à sa politique consistant à exposer en alternance de jeunes artistes peu connus et des plasticiens plus confirmés, c’est, pour le coup, à un monstre de l’art du XXe siècle que la galerie Chez Valentin consacre sa dernière exposition. Que dire de Jean-Michel Sanejouand, cet artiste que Didier Ottinger salue comme « le plus légitime de tous les ayants droit de Marcel Duchamp » ?
Des premiers « charges-objets » en deux parties aux peintures réalisées depuis 1978, le travail complexe de cet artiste ne peut guère être évoqué quelques lignes qui ne peuvent par exemple rendre qu’insuffisamment le lien au ready-made duchampien.

En dehors de deux toiles — Toile, peinture noire et miroir (1963) et Toile de bâche à rayures et châssis bois (1964) —, l’essentiel des travaux présentés à la galerie appartient aux « Calligraphies d’humeur » qui convoquent avec un humour un rien pervers un univers constellé de personnages noir et blanc qui tirent à l’arc à bout portant ou sodomisent un ours, au choix.
Il est difficile d’exposer une partie de l’œuvre de Sanejouand en omettant les « organisations d’espace », les « charges-objets ». Malgré la présence d’Espace critique ou encore d’Espace peinture, on a du mal à se frayer un chemin visuel au sein des travaux exposés sans plus explication. Apprendre à regarder le travail de Sanejouand, c’est avant tout intégrer quelques pas décisifs qui ont marqué l’art du XXe siècle, de Duchamp à Rauchenberg, de Morris à Kosuth.
Pour cela, on ne peut que renvoyer à la dense bibliographie existante, ou au site internet dédié à l’artiste : www.sanejouand.com.
On y trouve, entre autres, un très instructif et déculpabilisant article de Didier Ottinger qui se termine par ces mot  : « Vous qui vous plaignez encore, qui trépignez, fulminez de ne pas comprendre les œuvres de Jean-Michel Sanejouand, abandonnez aigreur et culpabilité, vous les avez décidément comprises. »
Avis aux amateurs !

Jean-Michel Sanejouand
— Calligraphie d’humeur, 07.04.74, 16h10, 1974. Encre de chine sur toile. 50 x 100 cm.
— Calligraphie d’humeur, 11/74, 1974. Encre de chine sur toile. 90 x 190 cm.
— Calligraphie d’humeur, 14/11/71, 20h 40, 1971. Encre de chine sur toile. 81 x 100 cm.
— Calligraphie d’humeur, 08.12.71, 16h15, 1971. Encre de chine sur toile. 130 x 195 cm.
— Comme un poisson, 22.03.95, 1995. Acrylique sur toile. 130 x 195 cm.
— Espace critique, 23.10.02, 2002. Acrylique sur toile. 150 x 150 cm.
— Espace peinture, 20/01/79, 1979. Acrylique et vinylique sur toile. 100 x 100 cm.
— Toile, peinture noire et miroir, 1963. Toile, peinture noire et miroir. 162 x 100 cm.
— Toile de bâche à rayures et châssis bois, 1964. Toile de bâche à rayures et châssis bois. 130 x 161 cm.
— Paysage organisé, 1969. Feutre, crayon gras sur feuille de carnet. 44 x 32 cm.
— Calligraphie d’humeur, 1974. Encre de chine sur toile. 90 x 190 cm.

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