LIVRES

Libre 3

Troisième opus de Libre, exercice de style de 100 000 signes en forme de monologue. Un texte alerte, à l’écriture syncopée, comme écrit d’un seul jet, qui entrecroisent des rencontres avec quelques acteurs du milieu de l’art contemporain parisien et des scènes de sexe.

— Éditeur : M19 (Mouvement 19), Paris
— Année : 2004
— Format : 14,50 x 21 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : non paginé
— Langue : français
— ISBN : non indiqué
— Prix : gratuit

Libre
par Pierre Denan (extrait)

…ça tient dans le format, si c’est trop long je coupe, peu importe, 100 000 signes, je ne suis pas un enculé d’écrivain, je ne suis pas un trou du cul d’artiste, s’il faut absolument être quelque chose je suis un homme en colère, une colère calibrée, je ne suis pas capable de vivre pour quelqu’un d’autre que pour moi-même mais ce n’est pas un scoop, ça me rend malade une fois par an, le reste du temps j’en ai rien à foutre ou plutôt non je n’ai qu’à foutre, pas de remerciements dans Libre ou alors je remercie ma bite et mes couilles, les préservatifs Norme française et le tube de gel, c’est Christine qui va rire en lisant ça, Christine au bord de la falaise, tête inclinée sur l’à-pic, bras droit tendu, un sac dans la main gauche, sous ses pieds l’herbe sèche couleur brun orangé, devant elle la roche cendre mangée par la végétation, elle descend vers la mer, et si certains reconnaissent une photo de Nan Goldin moi je reconnais Christine, je t’embrasse princesse, je suis un aigle, je défie cette nom de dieu de pesanteur de merde qui me plaque au sol, me nique les reins, la douleur se situe dans le bas du dos ça ne s’arrête jamais, ça me rend faible sauf quand je vole, quand je ne vole pas je nage, viens avec moi, plonge, ferme les yeux, laisse-toi glisser, tu sens la caresse de l’eau ? vas-y mon amour, je suis derrière toi, les bulles te font une robe d’air et ça crève en surface, ça crève en silence comme tout ce qui crève sur la terre, les milliers de morts à la télévision dont on n’entend jamais les cris d’horreur JE VOUS EN PRIE J’AI TROP MAL C’EST ATROCE J’AI PLUS DE JAMBES J’AI PLUS DE BRAS C’EST INSUPPORTABLE J’AI FROID !!! JE VEUX PAS MOURIR !!! MAMAN !!! ACHEVEZ-MOI !!! RRRAAHHH !!! rrrraahhhh la douleur ça ne peut pas s’écrire…

(Texte publié avec l’aimable autorisation de Pierre Denan)

Lien
Le site de Pierre Denan