ART | CRITIQUE

L’Expérience utile

PMarie-Jeanne Caprasse
@13 Juil 2008

Accrochage estival pour la galerie Polaris en ce mois de juillet. Un bel ensemble, varié et sensible, qui témoigne de l’originalité du propos des artistes de la galerie.

L’exposition s’ouvre sur un coup de poing, celui que reçoit un personnage de souffre douleur à la tête ronde comme une bille de Bic. Sous son apparence anodine, ce grand dessin de la série The Fading Colors de Patrick Guns, entièrement réalisé au stylo Bic, fait allusion à la violence de la société qui s’exerce sur les hommes, considérés comme des êtres standardisés, qui doivent se plier à la norme.

La série de photographies d’Antonio Caballero Un marido vulgar fait écho à cette œuvre. Sur le mode du roman-photo, il met en scène la vie idéale d’une jeune épouse dans la bourgeoisie de Mexico des années 70. Une mise en situation complètement artificielle qui fait penser aux belles images, au modèle stéréotypé du bonheur que la société offre aux jeunes filles.

De belle jeune fille, il est aussi question dans les photographies de Stéphane Couturier Etam-Samaritaine. Mais sous un jour plus détourné puisque ce « modèle publicitaire » n’apparaît qu’en toile de fond derrière les vitres des locaux abandonnés de la Samaritaine. Un collage grandeur nature précurseur de la série Chandigarh que l’on a pu voir cette année à la galerie.

Jeune artiste américain, Casey Jex Smith expose pour la première fois en France. Avec des moyens très simples comme l’encre et les crayons de couleur, il compose des paysages fantaisistes. A la manière d’un collage, il allie dessins minutieux ou géométriques avec des formes colorées foisonnantes qui excitent notre imagination. Peut-être aurons-nous l’occasion d’en découvrir plus prochainement à l’occasion d’une exposition personnelle.

C’est aussi par le dessin et l’aquarelle que Christian Lhopital laisse libre cours à des scènes oniriques. Petits dessins et peinture sur papier de grand format donnent à voir quelques facettes de son expressivité. Une liberté puisée dans le monde de l’enfance et l’esprit du jeu qui est également au cœur de la démarche de Laure Tixier, avec ses petites constructions architecturales en feutrine colorée.

Contrastant avec ces formes légères et fluctuantes, les deux huiles de Simon Willems donnent un autre ton. Sa peinture léchée aux couleurs sombres nous transporte dans un univers étrange aux formes délétères.
Côté photographes, quelques clichés de New-York par Daniel Boudinet et un grand format très dépouillé d’Anthony Hernandez sont également présentés.

Pour compléter ce tour d’horizon, n’oublions pas les deux vidéos projetées. Le Magicien d’Yto Barrada, qui fait sourire le spectateur assistant aux tours d’un prestidigitateur  attachant qui travaille avec les moyens du bord et n’obtient pas toujours les résultats escomptés. Puis Barrier d’Assaf Shoshan, aux propos politiques détournés sur la situation de laissés-pour-compte des juifs éthiopiens en Israël.

Stéphane Couturier
Etam-Samaritaine # 2, Paris 2002. Photot, c-print. 96 x 110 cm

Casey Jex Smith
Space Race, 2007. Crayon sur papier. 57 x 46 cm

Simon Willems
This One’s for Those Who Couldn’t Make It, 2006. Huile sur toile. 55 x 61 cm

Anthony Hernandez
Everywhere # 17, 2007. Photo, c-print. 125 x 125 cm

Patrick Guns
The Aggression, 2002. Bic sur papier. 200 x 150 cm

Antonio Caballero
Un marido vulgar, Fotonovela 1966, 2005. Tirages aux sels d’argent

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