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Les unes et les autres

Visages impassibles et regards intenses, c’est à la représentation du corps que s’intéresse Jean Rault, au travers de ses portraits. Dans ses nus s’affirme un regard au plus près de ce que le corps peut avoir de troublant et de déstabilisant dans sa mise à nu.

Information

Présentation
Jean Rault
Les unes et les autres

La rétrospective des portraits de Jean Rault d’abord présentée en 2010 au 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard puis cette année au Musée de Louviers fait ressortir la cohérence du travail de ce photographe majeur qui, tout en pratiquant des incursions dans d’autres champs comme celui du paysage, a fait du portrait l’objet privilégié de son propos.

Son œuvre prit son envol sous les auspices de deux maitres du portrait, August Sander et Diane Arbus. Elle se situe en effet à la croisée de ce qui peut dans l’image du corps fonctionner comme indice et symptôme.

Les portraits de Jean Rault révèlent une attention extrême à l’autre: À cette autre et cet autre incarnés et saisis dans ce qu’ils cristallisent de vie, de charge et de désir. Mais aussi de blessures, de stigmates et de violences qu’y inscrivent leur propre existence ainsi que le regard qui les dévisage.

Qu’elle soit présentée en particulier au Musée de Louviers est symbolique. C’est là, au début de sa carrière, qu’il a trouvé, auprès du conservateur de l’époque, Anne-Marie Rothiot, une écoute particulièrement attentive à son travail. Venir ainsi au Musée de Louviers, sur les conseils éclairés de ce pionnier que fut Pierre Gaudibert, conservateur fondateur de l’ARC à Paris, pour présenter ses premiers travaux et recueillir des premiers conseils, a été pour lui un moment d’une grande importance, qui marque son parcours comme une sorte de balise mémorielle. Revenir aujourd’hui dans ce musée c’est d’une certaine façon pouvoir mesurer le chemin accompli.

La monographie éditée à cette occasion, consacrée aux portraits de Jean Rault, fait ressortir avec une force impressionnante son art de mettre le corps et les êtres à nu; en mettant à jour leurs éclats multiples, mais aussi les ombres et les ambivalences qui les configurent. Et cela avec une acuité et une conscience qui puise sa lumière dans un dialogue subtil entre le corps et ce que la peinture a su en délivrer de plus dense. Comportant de très nombreuses reproductions, cet ouvrage bénéficie du concours avisé de trois auteurs.

Dans un texte d’une grande densité l’historien et critique Pierre Wat apporte un éclairage essentiel sur les caractéristiques de cette œuvre majeure. Le philosophe Marcel Hénaff circonscrit la visée de son art de dépouiller le corps pour en mettre à jour l’humanité dans tous ses états.

Enfin, la critique Catherine Pomparat, mariant le texte et l’image, dans un clin d’œil à Roland Barthes, met à jour ce qui se croise de l’orient et de l’occident dans les photographies de l’artiste depuis son inscription délibérée dans l’espace culturel japonais.

SOMMAIRE

— Mise à nu
— Sur les portraits-nus de Jean Rault
— L’empire des signes