ART | EXPO

Les quatre saisons

16 Jan - 20 Fév 2010
Vernissage le 16 Jan 2010

«Les quatre saisons» emprunte au vocabulaire de la vanité. À commencer par les morceaux éponymes de Vivaldi qui planent dans l’air, comme une ritournelle baroque devenue, à force de recyclage, une vraie musique d’ascenseur, de répondeur, d’aéroport…

Communiqué de presse
Pierre Ardouvin
Les quatre saisons

En 2006, lors de la Foire de Bâle, grande messe du marché de l’art, Pierre Ardouvin avait entièrement occupé le stand de la Galerie Chez Valentin en y installant les gradins d’une salle de théâtre, faisant de l’allée de la foire la scène de celui-ci et des visiteurs de la foire ses comédiens (Au théâtre ce soir). Inversion spectaculaire de ce qui génère justement le spectacle.

Sélectionné pour le Prix Marcel Duchamp en 2007, il avait mis «Marcel», en grand et en lettres d’or en relief à tourner sur un plateau-piédestal, sous le feu des projecteurs et au rythme d’une chanson de Dalida dans un mélange de détournements joueurs et de vacuité spectaculaire.

Aujourd’hui, pour son exposition à la Galerie Chez Valentin, «Les quatre saisons», répond à d’autres sirènes, mais emprunte aussi le vocabulaire de la vanité. À commencer par les morceaux du même nom de Vivaldi qui planent dans l’air, comme une ritournelle baroque devenue, à force de recyclage, une vraie musique d’ascenseur, de répondeur, d’aéroport… de tout ce que le monde moderne a pu produire comme lieux d’attente, d’intervalles entre-deux, dont on pense la vacuité obscène, le silence inquiétant. Alors, on meuble, on pave de bonnes intentions.

Diffusé depuis un plateau tournant la musique accompagne de vieux canapés de salons éculés qui remplacent les chevaux de bois des manèges de l’enfance. Manège ou machine célibataire qui s’offre à son propre spectacle dans un retournement proche de celui auquel on assistait à la foire de Bâle. Point de convivialité ou de petit écran, mais la contemplation du vide. Au mur, accroché à un porte-manteau pend un déguisement de mort avec son masque livide et son corps fantomatique. Fin de partie, les costumes sont au placard, ne reste que la mécanique du spectacle qui, comme un vieux 45 tours en fin de piste, continue de tourner, à vide.

Seuls quelques astres timides éclairent cette scène hivernale dont les corps ont déserté la place, remplacés par les spectateurs errants que nous sommes. Au loin, un premier paysage de synthèse, «Soleil d’hiver» : une porte grise posée contre le mur, fichée dans sa partie supérieure d’un plafonnier à la luminosité égale qui ressemble à une aube étrange sur un champ gris dans la brume glacée d’un matin sans lumière. Ailleurs, dans son versant cosmique de bureau, un petit panneau d’affichage en liège est constellé de piercings en brillants. Plus de message, juste des étoiles.

Miroitements de pacotille dont l’éclat ne rendra pas la lumière de carte postale de «Quatre saisons», assemblage de quatre paysages saisonniers maculés de taches de peinture rouge, pour ramener à la réalité les clichés. Mais, il s’agit d’un monde absent à lui-même qui ne semble retrouver un poids et une densité qu’à travers une série de collages aquarellés où l’imaginaire vient combler, comme on remplit un creux, les images de cartes postales désuètes.

Vernissage
Samedi 16 janvier 2010. 14h-21h.

critique

Les Quatre saisons

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