ART | EXPO COLLECTIVE

Les Inquiets. Cinq artistes sous la pression de la guerre

13 Fév - 19 Mai 2008

L’exposition «Les Inquiets» présente les oeuvres de cinq artistes qui ont en commun un sentiment d’implication personnelle face aux questions liées à la guerre au Moyen-Orient. Leurs productions proposent, à travers une étude sur les méthodes  de représentation,  une réflexion unique sur les causes et les origines de ce conflit complexe.

Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari
Les Inquiets. Cinq artistes sous la pression de la guerre

L’exposition «Les Inquiets» présente les oeuvres de cinq artistes qui ont en commun un sentiment d’implication personnelle face aux questions liées à la guerre au Moyen-Orient. Ils sont représentatifs d’une génération de jeunes artistes capables de traduire l’oppression du conflit à l’aide d’un langage alternatif, en analysant ses causes et ses origines, dans une réflexion sur les méthodes de sa représentation.

Toutes les généralisations et les tentatives de relier les partis opposés dans le conflit du Moyen-Orient manquant de légitimité, une appréhension subjective semble la plus à même de relever le défi de cette représentation. De cette situation découle le titre de l’exposition, celui d’un roman de l’écrivain israélien d’origine polonaise Leo Lipski, Niespokojni (Les Inquiets), dans lequel l’auteur décrit la situation d’artistes qui, grâce à leur hypersensibilité ont pressenti, à la veille de la seconde guerre mondiale, l’horreur imminente.

Des artistes, de longue date, se sont essayés à représenter le conflit du Moyen-Orient. Une des tentatives les plus importantes est le film Ici et Ailleurs de Jean-Luc Godard, datant de 1974. La division et l’interdépendance entre les participants directs et les spectateurs passifs de la guerre, assis devant leur poste de télévision, est clairement démontrée dans cette oeuvre. Il semblerait que les hiérarchies au sein de l’histoire de l’art évoluent, que les arts visuels élargissent leurs centres d’intérêt vers l’exploration de nouveaux territoires offrant ainsi la possibilité de réviser nos positions sur cette guerre.

Yael Bartana (née en 1970) montre une pièce de 2004, Low Relief : une quadruple projection vidéo en longueur formant un bas-relief d’images mobiles. Ces images trafiquées digitalement donnent l’impression que les personnages appartiennent à une formation militaire. Le spectateur est invité à observer cette démonstration militaire mais on ne peut dire s’il s’agit d’un discours pour la paix, pour l’environnement ou pour autre chose encore. Cette oeuvre peut être interprétée comme une métaphore de la vie en Israël où il est difficile d’éviter les références politiques et la réalité militaire.

Dans son installation Casting (2007), Omer Fast (né en 1972) étudie l’impact du spectacle télévisé de la guerre. Casting fictif ou réel pour un documentaire, Fast mène des entretiens avec des soldats américains ayant participé aux opérations en Irak. Les visages de l’artiste et du participant sont en permanence à l’écran. Nous ne saurons jamais si les différents intervenants évoquent des événements réels ou si nous sommes dans le domaine de la fiction.

Rabih Mroué (né en 1967) propose une vidéo Three Posters (2003) dans laquelle il questionne la possibilité de représenter un événement aussi dramatique que le suicide d’un martyr. À partir de bandes vidéo trouvées dans les années 80 au sein des bureaux du Parti Communiste Libanais, Mroué reconstitue le témoignage d’un martyr. Le visionnage de cette reconstitution entraine de nombreuses questions à propos de la transformation graduelle de l’idéologie sous-jacente des combattants d’abord de gauche puis Islamistes, à propos des politiques qui envoient les martyrs à la mort et enfin, à propos de l’influence de tout cela sur la vie d’un artiste et sa capacité à le représenter.

Ahlam Shibli (née en 1970) présente une série de photographies récentes prises dans le village d’Al-Shibli. Capturant tous les détails topographiques, les vestiges historiques et les détails caractéristiques du quotidien de son village natal, Shibli tente de reconstituer l’impact de l’histoire sur notre présent. La plupart des habitants se sont enfuis durant la guerre de 1948, ils ont tout quitté pour une vie d’insécurité, incertains de leur nouveau rôle et de leur futur. Les photographies d’Ahlam Shibli n’évoquent pas tant la violence que la faiblesse et la complexité des relations humaines.

Akram Zaatari (né en 1966) a conçu un film pour l’exposition. Il a tourné un long plan séquence durant lequel un vieux résistant libanais se trouve de nouveau face à son uniforme qu’il prend lentement en mains, nettoie méticuleusement et essaie. En se réappropriant son uniforme l’homme reprend son identité de soldat. Le travail d’Akram Zaatari aborde la question fondamentale de ce qui fait l’histoire et comment les différentes vérités sont divulguées et déguisées à travers la production et la circulation d’images. Dans ce sens, Zaatari reflète les différentes représentations de la guerre, soulignant les dimensions émotionnelles et esthétiques, cherchant une place dans la société comme une personne hypersensible.

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