ART | CRITIQUE

Les Délaissements II

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

La valeur sûre de la galerie Zürcher revient avec une année de production placée sous le signe du soleil. La fluidité, la transparence et les jeux de calques font place à une peinture plus opaque, plus brute.

Marc Desgrandchamps, une des valeurs sûres de la galerie Zürcher, revient avec une exposition placée sous le signe du soleil : ses personnages sont à la plage, en maillot de bain et sous les parasols. Le peintre continue son chemin et, est, une nouvelle fois, au rendez-vous. Entre trace et disparition sa palette fluidifiée par la térébenthine provoque une dilution du propos autant que des corps. Habitué à des jeux d’apparition et de disparition, il y a dans cette nouvelle tournée comme un trop plein de matière.

L’ensemble est hétérogène. Pour certains tableaux le système des voiles et des transparences semble bien loin. Le changement de médium y est pour beaucoup. Les différents travaux à la gouache sont empâtés. Le dessin, la forme ont du mal à sortir de la composition, tout reste à la surface, il n’y a pas d’écumes, rien ne ressort, rien n’émerge. La gouache n’est pas coupée comme la peinture à l’huile et cela dérange le regard, habitué à la dissolution de la peinture dans les solvants.

Mais les autres peintures à l’huile sont conformes à ce que l’on attend du peintre. Loin des pâtes de gouache, l’ensemble est fluide et transparent. Le même jeu de calques est présent. La même alchimie du voilé-dévoilé est mise en place. Dissimuler pour mieux faire voir. Couper les têtes pour que l’on se penche dessus. Maculer la toile pour tenter de percer le secret de ces corps nus et bronzés. Percer les mystères des parasols et des tubes de crème solaires. Quel que soit le sujet, Desgrandchamps nous invite à aller voir derrière le paravent, à escalader les palissades qui nous bouchent la rétine.

L’exposition est donc inattendue, car on vient se confronter à une œuvre que l’on connaît déjà, dont on apprécie les qualités et l’on peut être surpris par une peinture moins en demi teinte. L’exposition est double, elle est prise entre la lumière et son ombre, entre peinture fluide et gouache opaque. Le diaphane et l’ombre, la coulure comme grille de dévoilement sont au rendez-vous.

— Sans titre, 2003. Huile sur toile. Triptyque : (3 x) 61 x 50 cm.
— Sans titre, 2003. Huile sur toile. Triptyque : (3 x) 55 x 46 cm.
— Sans titre, 2002. 2 huiles sur toile. 200 x 150 cm chaque.
— Sans titre, 2002. Huile sur toile. 162 x 130 cm.
— Sans titre, 2002. 4 huiles sur toile. 55 x 46 cm chaque.
— Sans titre, 2002-2003. Huile sur toile. Diptyque : 200 x (140 x 150) cm.
— Sans titre, 2002. Huile sur toile. 200 x 150 cm.
— Sans titre, 2002. Huile sur toile. 162 x 97 cm.
— Sans titre, 2002. 2 huiles sur toile. 200 x 140 cm chaque.
— Sans titre, 2002. 5 gouaches sur papier. 110 x 74 cm chaque.

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