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Les Cahiers du Musée national d’art moderne n° 101

Les Cahiers du Musée national d’art moderne ont étudié cet automne les travaux de l’artiste anglais Tino Sehgal, de l’Américaine Nancy Rubins, ou encore le thème de la massification de l’art contemporain.

Information

Présentation
Les Cahiers du Musée national d’art moderne n° 101
Rédacteur en chef : Jean-Pierre Criqui

Extrait de «Saâdane Afif. Babels» de Jean-Pierre Criqui

«Les Å“uvres de Saâdane Afif (né à Vendôme en 1970) comportent fréquemment une dimension sonore ou musicale. […] Abandonnant toute sollicitation effective du sens de l’ouïe, la série des Babels (2007) nous livre une image de l’architecture en tant que pure virtualité sonore — «art musical rendu au silence», pour reprendre la célèbre formule de Goethe qui résume une idée immémoriale. Ce sont des maquettes d’enceintes acoustiques que Saâdane Afif empile en des constructions improbables, disposées sur des plateaux de Plexiglas noir de la taille d’un disque 33 tours […]. Bien que les plus hauts n’atteignent guère qu’une cinquantaine de centimètres, ces assemblages précaires suggèrent une volonté d’édification portée par un souffle prophétique, entre mythe et utopie. Babel, «la porte de Dieu» dont la Genèse relate la grandeur et la chute, n’inspira pas seulement Bruegel : son souvenir persiste aussi en arrière-plan de divers projets des avant-gardes, ainsi le Monument à la Troisième Internationale (1919-1920) de Tatline ou encore la New Babylon à laquelle Constant travailla de 1956 à 1974. À ces précédents reconnus par l’histoire de l’art, Saâdane Afif, non sans un certain humour, superpose l’écho des sound systems cyclopéens dont usent les reggae men de Kingston et d’ailleurs pour chanter les mirages de Babylone.»