ÉCHOS
05 Fév 2010

Les Arts-déco font du réseau !

PRuth Gurvich
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Le 18 février prochain, le Musée des arts décoratifs de Paris dédie sa traditionnelle nocturne du jeudi à ses fans Facebook. Une première en France… et une initiative qui risque de faire des émules.

« Bonjour à toutes et à tous… Aimez-vous les surprises ? ». Le 21 janvier dernier, les fans des Arts décoratifs sur Facebook découvraient ce post sibyllin sur leur page d’accueil. Commentaires enthousiastes ou intrigués, une vingtaine de clics sur le bouton « J’aime »… il faudra encore atteindre quelques jours pour que le voile soit levé : « nous proposons à tous nos fans Facebook, de visiter gratuitement Les Arts décoratifs le jeudi 18 février en nocturne à l’occasion de l’ouverture d’

«Animal», le nouvel accrochage de la galerie d’études. Une seule condition : il faut que nous atteignions les 2000 fans d’ici là… Vous relevez le défi ? »
Un défi somme toute très raisonnable : le musée compte alors un peu plus de 1700 aficionados. La mobilisation va toutefois dépasser tous les pronostics: Martin s’engage à relayer l’info sur Twitter, Louisiane promet de la « faire de la pub auprès de (ses) amis parisiens » et Jean convoque Corneille pour galvaniser les troupes : « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt allegro, nous nous vîmes deux mille en arrivant aux Arts-déco ». En trois jours seulement, le chiffre est atteint.

Fabien Escalona, le webmaster du musée ne cache pas sa surprise, d’autant que le mouvement ne semble toujours pas s’essouffler. Depuis la création de la page en mai 2009, celui-ci s’efforce de publier quotidiennement une information diversifiée annonce des rencontres, programme des ateliers, vidéos en rapport aux expositions… Plus récemment, les fans se sont vus proposer un jeu assez amusant: deviner, à partir de sa photo, l’usage d’un objet mystérieux, choisi dans les collections du musée. Chaque énigme génère un échange nourri, où les tentatives très sérieuses côtoient les propositions plus extravagantes. Côté institution, le ton est engageant, presque amical.

« Il y a un noyau solide de fans avec lesquels j’ai des échanges chaleureux » déclare Fabien Escalona. « Cela correspond à une demande. Sur Facebook, les gens ne veulent pas être confrontés à quelque chose de lisse. C’est d’ailleurs à partir du moment où l’on s’est adressé de manière directe aux Internautes que le nombre d’adhérents a décollé ».

En rendant possible un contact individualisé, les réseaux sociaux génèrent en effet de nouvelles relations entre le musée et son public. Pour Diane Dubray, consultante en communication culturelle et bloggeuse sur Buzzeum.com, « la présence sur les réseaux sociaux modifie l’image du musée, le rend plus proche de son public et l’ouvre à de nouvelles formes de communication. Les musées français sont de plus en plus actifs, et contrairement aux idées reçues, ils sont loin d’être en retard par rapport à leurs confrères anglo-saxons. Le Muséum de Toulouse, par exemple, mène des initiatives assez innovantes sur le web. Pas seulement sur Facebook et sur son propre site, mais aussi sur les plateformes Flick et Netvibes. »

Le web 2.0 leur permettra-t-il aussi d’accroître leur fréquentation ? A condition de savoir établir des ponts entre monde virtuel et monde réel, comme vise justement à le faire l’initiative des Arts décoratifs. Le 18 février, les fans Facebook bénéficieront d’un accès gratuit au musée, mais aussi d’un accueil personnalisé et de la présence de conférenciers dans les salles pour répondre à leurs questions. « Il s’agit de faire connaissance » commente Fabien Escalona, « et de faire en sorte que les fans se rencontrent aussi entre eux pour qu’ils n’hésitent plus à rebondir sur les commentaires des uns ou des autres ».

Pour ce coup d’essai, aucun objectif quantitatif n’a été fixé : « si l’on reçoit 10 % des 500 fans parisiens, on sera très content » poursuit Fabien. « De toute façon, ce genre d’évènements est appelé à se développer ». Un avis partagé par Diane Dubray : « plusieurs autres musées ont déjà pensé mettre en place ce type de dispositif, même si, à ma connaissance, les Arts-déco sont les premiers à franchir le pas. Pour le lancement de son nouveau site au mois de mars prochain, le Musée Albert Kahn invitera également ses amis Facebook, en même temps que les journalistes et les bloggeurs. Là encore, l’idée est d’instaurer une vraie communauté, et d’encourager les internautes à participer à la vie du musée, par exemple en l’aidant à identifier des autochromes anonymes. » A suivre donc…

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