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Les Amants de la forêt

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

Devriendt cultive le (très) petit format à l’outrance: de quatre à douze centimètres de longueur. Pour entrer dans son monde, il faut approcher son visage au plus prêt de la toile, tendre l’œil…

Un seul mot vient à l’esprit au sortir de l’exposition Les Amants de la forêt à la galerie Loevenbruck: Hopper. Tout chez Robert Devriendt rappelle le peintre américain, de la touche sensuelle et pleine de son pinceau couvrant entièrement la toile en une couche homogène et fine jusqu’aux sujets qui occupent l’esprit du plasticien. Pourtant l’Américain et le Flamand ne semblent pas avoir le même sens des proportions. Devriendt cultive le (très) petit format à l’outrance: de quatre à douze centimètres de longueur, dans le meilleur des cas.

Pour entrrer dans son monde à la sensualité engourdissante et mensongère, il faut donc approcher son visage au plus près de la toile, tendre l’œil comme d’autres l’oreille pour discerner le moindre bruit. Le peintre a modelé chaque vignette d’arrondis aux couleurs chaleureuses, des violets, verts et bleus derrière lesquels se dissimulent les fantasmes de nos contemporains.

En usant de la série comme d’un montage cinématographique, Devriendt crée le mouvement d’une vignette à l’autre et ce travelling en peinture déploie la morbidité sous-jacente de ses thématiques. Sur trois toiles, un paysage de montagnes révèle un crâne comme dissimulé dans les massifs rocheux. C’est là tout le malaise que distillent ses œuvres.
Les séquences mettent en branle des détails arrachés au réel, décadrés — on ne perçoit que très rarement les visages figurés, tout au plus une chevelure ou des chevilles chaussées d’escarpins — et qui livrent ainsi des scènes dont la décontextualisation ajoute à la force.

Des routes goudronnées et des aigles, des femmes et des volcans fumants, les hommes et la nature s’appellent dans la grammaire picturale de Devriendt: peut-être est-ce un vieux reste d’écriture automatique ou tout simplement l’envie de forger un érotisme panthéiste dans l’art contemporain. Chez Devriendt, l’appel des corps cimente la peinture.

Robert Devriendt
— Séquence (Passion et Crime), 2006. Huile sur toile. 6,5 x 8,5 cm.
— Séquence, 2006. 3 huile sur toiles. Formats divers. 75 x 5,5. 11 x 7,5. 7 x 8 cm.
— Conte intime, 2007. Série de peintures.
— Klein Beweging (Petit Mouvement) N°2, 2005, Séquence de 3 peintures. Huile sur toile. 7,5 x 9 cm chacune.

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