L’exposition « Léon Herschtritt, Photographe à vie ! » à la galerie parisienne Esther Woerdehoff célèbre les quatre-vingts ans du photographe en lui consacrant une rétrospective.
Un tableau humaniste des années 1960
Les photographies en noir et blanc de Léon Herschtritt forment un tableau sensible des années 1960 que l’on découvre à travers son regard à la fois franc et affectueux. Le cliché intitulé Sur le toit est demeuré célèbre : on y voit un couple juché sur le toit d’une voiture, saluant de la main en direction du mur qui se dresse devant eux. Alors jeune photographe, Léon Herschtritt avait en 1961 décidé de se rendre à Berlin pour le premier Noël que la ville passait coupée en deux. Le cliché est emblématique du travail du photographe, à la fois héritier de la photographie humaniste française d’après-guerre, et porteur d’un regard et d’une écriture photographique personnelle qui a l’humain pour fil rouge et d’un sujet à l’autre, a toujours pour but de montrer des histoires individuelles.
C’est le même intérêt pour les existences particulières et la vie sociale qui se lit à travers les reportages effectués par Léon Herschtritt à travers la France des années 1960, du marché des Halles aux bidonvilles de Nanterre et de La Courneuve en passant par les enfants pauvres du quartier de Belleville et les prostituées de la rue Saint Denis. L’humain est aussi au cœur de ses réalisations à l’étranger : il immortalise les gamins des rues d’Alger dans son premier reportage intitulé Les Gosses d’Algérie.
Des bidonvilles de Nanterre aux portraits de célébrités : le même regard sensible
Le regard humaniste de Léon Herschtritt transparaît particulièrement dans la série intitulée Les amoureux de Paris où se succèdent, dans différents lieux publics comme les bars Les Deux Magots ou le Café de Flore, des couples enlacés. Il est aussi au cÅ“ur de la photographie Jeux d’enfants – Jardin du Luxembourg, prise vers1968, un des nombreux clichés que Léon Herschtritt a consacrés aux enfants et à leurs amusements.
La conscience politique qui se lit dans les photographies par lesquelles il rend compte des bouleversements de Mai 68 ou encore dans ses clichés de manifestations contre la guerre au Vietnam, ne l’empêche pas de s’intéresser aux célébrités politiques, littéraires, artistiques ou cinématographiques de son époque comme le Général de Gaulle, Jean-Paul Sartre, Serge Gainsbourg, Karen Blixen, Jane Fonda, Marguerite Duras, Catherine Deneuve. Plutôt que de les placer sur un piédestal, les portraits qu’il réalise de ces personnalités en révèle le caractère humblement humain.