ART | EXPO

Légèrement sculptural

04 Mar - 25 Mar 2012
Vernissage le 03 Mar 2012

A la fois pied de nez à l’univers parfois trop normé du monde des Beaux-Arts et clin d’œil aux compositions de la peinture classique, «Légèrement Sculptural» invite à une réflexion ludique plutôt que de chercher à imposer un discours. Cela ne facilite pas son appréhension, mais ça la rend en revanche nettement plus gratifiante.

Adrien Brissonnet, Fabrice Croux
Légèrement sculptural

Adrien Brissonnet fait des maquettes depuis l’enfance; Fabrice Croux s’intéresse aux images. Leur collaboration veut rendre compte d’un croisement de pratiques et observer comment ce croisement opère dans un lieu dédié au regard. Dans un espace d’exposition resserré, un ciel bleu, un volcan, une rivière, des arbres s’offrent à la vue. Se déploie un paysage composé au fil du plaisir de faire, une topographie des lieux guidée par l’empirisme et la contrainte des matériaux. Une falaise abrupte côtoie des plaines vallonnées; les arbres et la rivière sont trop grands, à moins que le volcan ne soit trop petit. En effet, le propos n’est pas de rester crédible, réaliste, comme dans une maquette, mais de se positionner à la croisée de plusieurs références.

«Légèrement sculptural» est une sculpture. La pièce fonctionne alors en terme de composition et de citation, mais pas de copie. Faire une maquette renvoie évidemment à la reproduction d’un lieu à une échelle réduite, au cinéma, aux plateformes de jeux, aux simulations militaires. Créer un paysage composé renvoie assez directement à la peinture classique, à un décor naturel observé, esquissé, et tellement maitrisé qu’il en devient artificiel. Pour les deux artistes, il s’agit ici de jouer avec ces images, ces références, et désactiver maquette et décor, afin de composer une forme, faire une sculpture. L’imaginaire est déplacé.

Adrien Brissonnet et Fabrice Croux instaurent ici un dialogue entre la pratique d’atelier et l’installation du travail dans le lieu d’exposition. «Légèrement sculptural» est ainsi vu comme un dépôt d’activité, une succession de couches sédimentaires déployées les unes au-dessus des autres, traces plus ou moins visibles de l’activité mais toutes nécessaires à la sculpture finale. Celle-ci a volontairement une dimension graphique: le dessin est la couche sédimentaire la plus profonde et c’est toujours celle qu’on oublie quand on regarde le résultat.

«Légèrement sculptural» est un geste sans commande, simplement fait pour être regardé. Ce n’est ni le fait d’enfants — personne ne va jouer avec la forme produite —, ni celui de professionnels — Adrien Brissonnet et Fabrice Croux ne travaillent pas pour le cinéma. Et ce que l’on voit finalement est quelque chose qui sourd, qui n’est pas stable, comme ce volcan ni éteint ni en éruption, mais en attente. Car ce volcan n’est pas un volcan, mais une image mentale de volcan venant autant des documentaires géographiques que d’un Godzilla. Ici, il n’est pas question de raconter des histoires mais de faire converger des sensibles.

AUTRES EVENEMENTS ART