ÉCHOS
18 Fév 2010

L’échine souple d’un censuré-censeur

PAndré Rouillé
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L’actuel directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Henry-Claude Cousseau, a attiré les regards, et reçu le juste soutien, du monde de l’art quand, en tant que directeur du Musée d’art contemporain de Bordeaux, il a été victime de censure. Il vient à son tour d’endosser le rôle de censeur, et d’être déjuger publiquement par son ministre...

L’actuel directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Henry-Claude Cousseau, a attiré les regards, et reçu le juste soutien, du monde de l’art quand, en tant que directeur du Musée d’art contemporain de Bordeaux, il a été victime de censure.
Il avait été mis en examen à la suite d’une plainte déposée par une sombre et ultra conservatrice association de défense de la famille, au motif qu’elle avait cru voir une apologie de la pédophilie dans l’exposition «Présumés innocents. L’art contemporain et l’enfance» présentée au Musée (08 juin-01 oct. 2000).
Point de vue qui n’avait manifestement pas frappé les milliers d’élèves qui avaient vu l’exposition accompagnés par leurs instituteurs ou leurs parents.

Après une longue et pénible procédure, également menée à l’encontre des deux commissaires de l’exposition, l’affaire a finalement été classée. Et la censure a tourné court.
Mais, comble d’acharnement, il semble que le dossier ait été récemment ouvert à nouveau…

C’est dans ce contexte que tous ceux qui avaient encore à l’esprit le sinistre épisode de Cousseau-le-censuré ont appris la semaine dernière avec stupéfaction qu’il s’était métamorphosé en… Cousseau-le-censeur.
Il a en effet fait décrocher les banderoles qu’une artiste-étudiante chinoise avait installées sur la façade de l’École des beaux-arts de Paris, au prétexte qu’elle consistait en un (pourtant bien innocent) jeu sur le fameux slogan présidentiel «Travailler plus pour gagner plus».

Il paraît qu’il ne fallait pas froisser ces messieurs du ministère qui devaient décider du budget de l’École. Les censeurs ont toujours de bonnes raisons…

Mais Cousseau-le-censeur n’avait pas songé que de délicates élections régionales approchaient, et que le gouvernement ne pouvait pas dans ce contexte se permettre d’exciter la susceptibilité des adversaires incorrigibles de la censure.
A cette conjoncture s’ajoutait le fait que cette censure venait à point pour le ministre de la Culture qui s’en empara pour se donner une image éthique dont il manque tant.

Alors, le Ministre, n’hésitant pas à déjuger publiquement le Directeur-censeur, lui intima l’ordre de faire raccrocher l’œuvre. Et croyez-vous ce qu’il advint…, le censeur obéit docilement.

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