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Le Tricheur

Florent Ruppert et Jérôme Mulot
Le Tricheur

Editions L’Association
Année de publication : 2008
Non paginé

Le duo d’illustrateurs-scénaristes met en scène les péripéties de deux détectives (le mode binaire est une constante chez Ruppert et Mulot) aux prises avec deux autres individus, rapidement accompagnés d’une femme, parés ensemble à tous les mauvais coups. Des petites frappes de quartiers en somme, dont les actions semblent guidées à distance par un riche galeriste.
Le récit se noue d’ailleurs autour de ce dernier personnage et l’un de ses supposés clients lorsqu’à l’intérieur de la galerie, au rythme de leurs déambulations silencieuses, le lecteur comprend progressivement que les scènes représentées sur les tableaux exposés ont une corrélation directe avec les missions des malfrats.

Et c’est aussi progressivement qu’on sent monter la tension meurtrière, quand les fils complexes de l’intrigue se délient, quand l’ensemble des personnages converge vers le crime. Il n’y a que les dépositions de chacun des personnages auprès d’un brigadier pour nous aider à décrypter le récit, le reste des saynètes se passe sans dialogue.

Complexe, donc, la trame est aussi tortueuse et perverse. A l’image du titre, qui renvoie au tableau de La Tour dans lequel un joueur de carte se fait plumer par ses trois camarades de jeu. Les personnages (détectives et malfrats en tête) tous amateurs et plutôt du genre «loosers», aux pseudonymes pas franchement héroïques (Casquette, Bonnet, Contact, Cravate…), enchaînent «des coups» scabreux et très peu glorieux.
De la bêtise de mauvais cancres aux jeux sexuels les plus dégradants, le cynisme des personnages (et des auteurs) n’a pas de frontières, pas plus que leur humour et leur talent pour les situations burlesques.

Dans un style dépouillé, Florent Ruppert et Jérôme Mulot nous livrent ici un album au trait vif et fluide cependant moins convaincant que les précédents du point du vue du scénario, et dont le dénouement nous laisse quelque peu perplexe….