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Le Travail artistique

Quelles sont les logiques à l’œuvre dans le travail artistique ? La dimension socialisatrice de la profession artistique, considérée sous l’angle de la spécificité d’un champ ou d’un monde de l’art, croise celle de la construction identitaire des individus qui en fabriquent au quotidien la réalité. Une vision panoramique du monde de l’art.

— Auteur : Collectif
— Éditeur : L’Harmattan, Paris
— Année : 2004
— Collection : Sociologie de l’Art
— Format : 13,5 x 21,5 cm
— Pages : 176
— Langue : Français
— ISBN : 2-7475-7083-5
— Prix : 15,50 €

Présentation
par Sylvia Faure et Stéphanie Tralongo
L’objectif de l’appel à contribution, portant sur le travail artistique, se voulait d’ouvrir la discussion sur les modes de construction sociale de la «réalité» (ou des «réalités») du travail artistique, en croisant les dimensions objectives et subjectives, structurelles et individuelles de la question. Bien entendu, il n’était pas attendu des auteurs qu’ils mêlent, dans un même texte, ces différents niveaux d’analyse.

Au final, nous présentons quatre articles en raison de leur cohérence mutuelle, bien que très différemment construits sur le plan théorique et méthodologique.

Pierre-Emmanuel Sorignet analyse l’impact de la socialisation professionnelle des danseurs sur leur mode de construction identitaire sexuée et sexuelle. Il traite de la question de la recomposition, de la légitimation ou au contraire du rejet d’une identité masculine «homosexuelle» dans un monde artistique largement identifié en tant que tel.

Marie Buscatto étudie les interdépendances entre les mécanismes institutionnels qui travaillent les mondes de la musique jazz et les façons dont les musiciens se définissent à travers leur profession (selon leurs trajectoires sociales et professionnelles). Elle défend l’hypothèse du compromis et de la tension identitaire entre l’idéal artistique poursuivi par les artistes qu’elle a rencontrés, et la réalité professionnelle à laquelle ils se confrontent quotidiennement.

Anne-Laure Brion propose la monographie d’une revue de critiques de cinéma «Positif». L’ambivalence est là aussi soulignée dans le sens où cette revue a dû, depuis plus de vingt ans, adopter des modes de travail «professionnels» alors que ses représentants la définissent (et se définissent à travers elle) selon les critères de sa fondation dans les années 1950, à savoir selon sa dimension «amateuriste».

Philippe Coulangeon s’intéresse aux conditions de professionnalisation des musiciens interprètes. Il rend compte de la variété des «régimes de participation au marché de l’emploi». Sa contribution permet de questionner le statut d’intermittent du spectacle, question éminemment politique et d’actualité. Il en définit deux formes : celle de l’instabilité professionnelle et celle de la subsistance à la périphérie du marché professionnel.

À la lecture de ces textes, se pose une nouvelle question qui est celle de l’interpénétration de la vie professionnelle de l’individu dans les autres contextes et moments de l’existence : comment ses dispositions acquises et redéfinies dans différentes configurations (professionnelle, familiale, amicale … ) se confrontent-elles ? Dans quelles circonstances le rapport à soi en tant qu’artiste s’impose-t-il vis-à-vis des autres possibles identitaires ? Ces aspects de la professionnalisation et de ses effets sur les autres réalités de la vie quotidienne restent à approfondir dans d’autres numéros de la revue.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions L’Harmattan — Tous droits réservés)

English translation : Laura Hunt