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Le singe de la lumière

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Le son comme matériau des arts plastiques. Un film et des photographies déclinant les relations entre le son et l’image, la prédominance visible sur le sonore.

L’actualité fait la part belle à un matériau inattendu des arts plastiques : le son (voir, par exemple, au centre Pompidou, Sonic Process, l’hommage à l’artiste multimédia, et musicien, Michael Snow, et l’environnement de sons et d’images créé par Dominique Gonzalez-Foerster).

Au Crédac, Érik Bullot explore la question des rapports du sonore et du visible, ainsi qu’elle pouvait être entendue au milieu de XVIIe siècle, à savoir, dans l’absolue prédominance du second sur le premier. « Le son est le singe de la lumière », écrivait Athanasius Kircher, dans un ouvrage où le père jésuite s’appliquait à transposer les lois de l’optique à l’acoustique.

Le film éponyme de Bullot consiste en une succession de séquences, chacune élaborée sur le modèle limpide de la leçon de chose, qui décline une série de modalités pratiques de mise en relation du son et de l’image.

Solfège, sténographie, techniques de bruitage, enregistrement et effet de retour, imitation sonore de la nature, etc., soit un ensemble hétéroclite de phénomènes, curiosités et principes, qui exhale le parfum légèrement suranné d’une époque révolue, celle des cartes postales-45 tours, qui jouaient, sur les pick-up, les tubes glamour des années 1960, celle encore des matinées scolaires illuminées du seul scintillement des films de vulgarisation scientifique.

Mais, et la série de photographies, qui accompagne ce traité cinématographique, en est symptomatique, le principe a ses limites. Techniquement, et plastiquement, impeccables, immédiatement intelligibles, telles des natures mortes publicitaires, usant de magnifiques clairs-obscurs, et de subtiles jeux de transparence et d’opacité, qui évoquent vibrations sonores, et silences, toutes ces images, dont le noir et blanc ajoute à une certaine nostalgie, procèdent d’un même rabattement du son sur l’image, qui comble le regard. Au point d’empêcher toute échappée au-delà du visible.
Il reste alors le catalogue, véritable petit manuel poétique, troisième volet indispensable du dispositif.

À noter la programmation (consultable sur le site du Crédac) de conférences, projections, performances, vidéos jusqu’au 15 décembre. www.credac-and-co.com

Érik Bullot
— Le Singe de la lumière, 2002. Vidéo-projection (format original : 16 mm couleur). 23’.
— Cryptogramme, 2002. Vidéo couleur. 4’.
— Hommage à Xavier Forneret, 2002. Partition.
— Le Singe de la lumière, 1996-2002. Photographies noir et blanc. 50 x 40 cm. 9 pièces.

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