Renato Bezerra de Mello : « Deslocamentos / Déplacements »
Le Showroom
L’événement
Communiqué de presse
Renato Bezerra de Mello collectionne les mots, les images et les objets. Comme un fabricant de souvenirs, il saisit des moments clefs qui mènent à une histoire, la sienne, celle de sa famille, celle du Brésil. Se refusant à devenir une image pâle, il peuple ses œuvres de réminiscences, tisse une mémoire fictive où se mêlent rêve et réalité. Il ne cherche pas à faire ni refaire l’histoire mais constitue des carnets imaginaires trouvant leur source dans les secrets enfouis de son intimité familiale.
L’artiste a reçu, comme un trésor à chérir, la correspondance que son père a entretenue avec son grand-père lors de son voyage aux Etats-Unis dans les années 40. S’immisçant entre les lignes d’une vie qu’il n’a pas vécue, il remonte le cours d’un itinéraire qu’il ne réalisera jamais et crée une généalogie d’œuvres, ersatz d’un moment clef de l’histoire familiale mise en abîme. L’exposition s’appréhende comme un récit improvisé, une re-lecture imaginaire des voyages racontés dans les lettres.
« Deslocamentos / Déplacements » est une voûte de feuilles de cristal couvertes de rivages et de fleuves imaginaires dessinés au fusain, comme les pages de l’atlas d’un autre monde. L’artiste dessine des territoires fantasmés à partir de souvenirs empruntés à son père, forgeant ainsi un carnet de voyages qu’il ne fera jamais, un rêve de papier. Les feuilles sont suspendues en banderoles serrées rappelant les fêtes populaires brésiliennes.Le spectateur est invité à lever les yeux et saisir des bribes de territoires qu’il devine, tendre son bras et passer sa main entre les feuilles, faisant ainsi naître le bruissement de la mer.
Lembranças e Esquecimentos / Souvenirs et Oublis est composé d’une multitude de bandelettes de papier jonchant le sol, couvertes d’inscriptions ou non, comme des légendes tombées des cartes. Le spectateur discerne des mots sans pouvoir les toucher ni les déchiffrer. L’œuvre repose sur le désir de montrer sans montrer, dire sans dire : Renato Bezerra de Mello établit un jeu autour du secret, considérant que les évidences sont trop vite oubliées. L’artiste ne livre pas une histoire mais une clef pour accéder aux souvenirs, les siens, ceux du spectateur, manipulant la puissance évocatrice du mot.
Je me refuse à devenir une pâle image de ce que j’ai toujours été pour toi est une vidéo réalisée à partir d’une photographie du père de l’artiste. L’image pâlit de façon imperceptible, jusqu’à disparaître. Le père n’est plus qu’un souvenir, une trace qui s’estompe et s’évanouit. Renato Bezerra de Mello choisit une image de son père jeune, tel qu’il ne l’a pas connu, une image qui renvoie au mythe paternel. Il ne la livre pas telle qu’elle est, mettant le doigt sur ce qu’elle dissimule : la fragilité d’une intimité avec un père disparu trop tôt, la nostalgie de n’avoir eu le temps de la construire, la fierté des voyages qu’il découvre dans les lettres, un pan de l’histoire familiale dissimulée. Le titre de l’œuvre reprend une phrase tirée de la correspondance de son père et sonne comme le point d’orgue d’une catharsis lente et douloureuse.
Infos pratiques
> Lieu
Le Showroom
6 rue de Braque. Paris 3
M° Rambuteau
> Horaires
du lundi au vendredi sur rdv, samedi de 14h à 19h
> Contact
leshowroom@corpoarte.com
> Entrée libre