ART | EXPO

Le Récit

26 Mai - 26 Août 2007

Le Musée d’Art Moderne Saint-Etienne Métropole consacre une immense rétrospective à Orlan, figure majeure du body-art.

Orlan
Le Récit

Depuis le milieu des années 1960, Orlan a traversé la plupart des grands mouvements artistiques en protagoniste hors du commun. «Son œuvre, inclassable, se place en marge des nombreux «post» et «ismes», et son style unique est, depuis toujours, celui d’une artiste complexe, irrévérencieuse, ironique, blasphématoire, iconoclaste, chez qui la provocation de la chair, l’envers du corps, l’art et la vie, le jeu sur l’identité, l’oscillation permanente entre le réel et le virtuel s’élèvent au rang de poétique», commente Eugenio Viola, commissaire de l’exposition avec Lorand Hegyi.

Tour d’horizon ouvert dans la vie et l’œuvre de l’artiste, «Le Récit» jette un pont entre un passé convoqué par le présent de sa recherche et un avenir qui s’annonce encore long et fécond. Illustrant les différentes étapes de l’œuvre d’Orlan, cette rétrospective invite donc à redécouvrir l’histoire des poétiques corporelles de l’artiste, depuis les premières oeuvres plastiques précieuses du début des années 1960 dans lesquelles elle a commencé à explorer le concept de «sculpture corporelle», jusqu’aux œuvres liées au mouvement féministe, en passant par une réinterprétation de l’iconographie judéo-chrétienne. Certaines œuvres inédites ainsi présentées témoignent d’une étude approfondie de la métaphore baroque en général, et de Sainte Thérèse du Bernin en particulier. Cette déclinaison hagiographique de l’Art corporel est symptomatique du parcours artistique d’Orlan.

La rétrospective revient aussi sur les opérations-chirurgicales-performances, conçues comme autant de réponses originales et provocantes à la crise de la performance. Au début des années 1990, Orlan transforme en effet une salle d’opération en atelier d’artiste dans lequel une œuvre est produite. Elle inaugure ainsi l’évolution d’un paradigme mutationniste de l’art contemporain qui traduit un retour progressif aux thèmes corporels, en lien direct avec les nouvelles technologies et la biotechnologie. L’annexion de la chirurgie esthétique comme médium artistique, sujet/objet de la performance, où «l’œuvre-action» s’incarne véritablement dans le corps de l’artiste, marque ainsi le passage de l’Art corporel à l’Art charnel chez Orlan.

Dans les séries des self-hybridations (précolombiennes, africaines et, dernièrement, amérindiennes), Orlan poursuit son voyage numérique à travers une infinité d’identités physiques possibles. En reprenant différents canons de beauté esthétique propres à des territoires et des époques particuliers, l’artiste donne naissance à des figures totémiques «vivantes» – presque tangibles dans leur virtualité et fascinantes dans leur aspect parfois inquiétant – qui séduisent par leur altérité artificielle.

Le Musée d’Art Moderne de St-Etienne Métropole présente enfin «Le Plan du Film», un projet in progress, initié en 2001 sur une idée de Jean-Luc Godard. Le principe ? Réaliser un film qui serait conçu «à l’envers», sorte de synthèse déstabilisante composée à partir de faits autobiographiques et d’éléments inventés.

Commissariat de l’exposition : Lorand Hegyi – Eugenio Viola

AUTRES EVENEMENTS ART