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Le paradoxe de la nuit noire

09 Sep - 01 Nov 2015
Vernissage le 09 Sep 2015

Le travail photographique de Yohann Gozard explore les interdépendances contradictoires entre le vu et le perçu. Pour lui, la nuit ne correspond pas à l’absence de lumière mais à une temporalité à clarté incertaine. Cette exposition propose de mettre en tension des images issues de séries et résidences, soulignant la maturité de sa démarche.

Yohann Gozard
Le paradoxe de la nuit noire

Le travail de Yohann Gozard explore la relation de l’individu face au temps, à la vacuité d’espaces déserts et sans identité, au noir mat et sourd de la nuit. Cette exposition mettra en tension plusieurs images issues de séries et de résidences soulignant en cela la maturité de la démarche.

Il pousse son propre usage de la photographie dans ses retranchements techniques, plastiques et théoriques, questionnant la coexistence des technologies argentiques et numériques dans ce qu’elles apportent de sens. Il prend à contre-pied la question de l’instant décisif par l’usage quasi-exclusif des poses longues pour proposer une approche plus contemplative de la relation de l’homme à sa perception de l’espace et du temps.

Son travail explore les interdépendances contradictoires entre le vu et le perçu. Il interroge les limites de l’image dans ce qu’elle s’adresse d’abord à notre vision, à notre désir de voir et de consommer du spectaculaire, de se laisser séduire par des images évidentes et flatteuses. Il manipule notre appétence à effectuer des rapprochements formels grotesques, à la faveur de décalages de contextes et de télescopages inhabituels. Enfin, il interroge aussi la mémoire des lieux et ses traces, stricto sensu.

Cette exposition est l’occasion pour le Château d’Eau de présenter le travail d’un auteur toulousain particulièrement actif. Elle mettra en tension plusieurs images issues de séries et de résidences soulignant en cela la maturité de la démarche.

«Lorsqu’il parle de son travail de photographie nocturne, Yohann Gozard aime rappeler que la nuit n’est pas l’absence de lumière. Elle est une temporalité à clarté incertaine, une ambiance à faible proportion de photons.

Il raconte comment il parcourt la nuit, l’explore et la traverse. Alors que la vie est endormie, il peut passer des heures avant de pouvoir identifier le bon angle qui à son tour donnera lieu à de longues prises de vue permettant de contrebalancer la ténuité de la lumière. S’ouvre alors un travail d’atelier — qu’il aime aussi volontiers aborder —, de retouches, pour diriger l’image exactement vers ce qu’il souhaite. Loin de la mythologie du photographe qui se saisit d’un instant furtif du réel, il exploite le numérique pour toutes ses potentialités.

C’est donc depuis une profonde expérience dans le paysage capté et au travers d’un “chantier de pixels” que l’image est finalement devenue. Le public peut alors s’y confronter. La densité de matière qu’elle contient exprime la profondeur de la nuit, son ressenti le plus sensible. On pense au “temps qui se chique” dont parlait Cioran et on peut se figurer l’artiste, dans ces nuits de captation, une forme qui se love dans sa contre-forme. […]» (Paul de Sorbler)

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