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Le Naïf, Le Brut, le Primitif. Au Petit Paris

Dans ce court essai, l’auteur se livre à une analyse de l’Art brut, de ses représentations à son institutionnalisation, à partir, notamment du travail de Marcel Dhièvre, ce bonnetier de Saint-Dizier en Haute-Marne, qui de sa boutique, Le Petit Paris, fit une œuvre d’art y créant inlassablement fresques et mosaïques en hommage à la capitale.

Information

Présentation
Henri-Pierre Jeudy
Le Naïf, Le Brut, le Primitif. Au Petit Paris

Qu’elle soit désignée comme naïve, primitive ou brute, toute pratique de création en marge des critères usuels de l’art est présentée comme un signe de notre archéologie mentale.

Les lieux des habitants paysagistes, mais aussi les bricolages esthétiques en tout genre exprimeraient l’aspect énigmatique, incontournable de la création dans sa primitivité. Leur sauvegarde a-t-elle pour but de constituer un patrimoine des fous et des primitifs? L’Art Brut n’est-il qu’un label?

À Saint-Dizier, en Haute-Marne, le Petit Paris de Marcel Dhièvre représente-t-il une utopie urbaine? Son auteur incitait ses voisins à décorer les façades des maisons pour créer une légende populaire de la ville.

«Pour légitimer l’alliance de la folie et de la primitivité de la connaissance dans l’art, la reconnaissance institutionnelle de l’art brut a été le meilleur moyen de démontrer le lien entre des pathologies mentales et la création artistique.

Les œuvres de l’Art brut sont présentées comme le miroir de notre propre folie.

L’effet de cette étrange familiarité est désignée par la fameuse formule empruntée à Freud, « l’inquiétante étrangeté ». Celle-ci est devenue une valeur de référence dans les convenances culturelles de la perception esthétique et de la réception publique des œuvres de l’art contemporain.

L’usage quelque peu abusif d’une pareille expression a permis de justifier le rôle d’une esthétique de la folie dans la création artistique.

Il ne s’agit pas pour nous de critiquer la singularité des œuvres de l’Art brut, mais de considérer comment celles-ci servent à exprimer la figure sociale et culturelle d’une spontanéité initiale de la création artistique.

A travers les musées de l’art brut se constitue un véritable patrimoine des fous et des primitifs. Ce qui semble confirmer que, si l’art survit de la grandeur de son inutilité, il continue a minima d’exercer dans l’histoire des hommes une fonction thérapeutique.

Un tel patrimoine répond à cette tentation de l’espèce humaine de conserver les traces de ce que les sociétés ont rejeté par peur de leur déstructuration.» (Henri-Pierre Jeudy, Extrait de l’introduction)

Sommaire
— Introduction
— L’habitant paysagiste
— Le Petit Paris
— Le Dehors et le dedans
— Le Mythe des origines
— Conclusion