ART | EXPO

Le musée imaginaire

11 Déc - 13 Mai 2012
Vernissage le 11 Déc 2011

Dans ce «Musée imaginaire», Vik Muniz déploie tout son art de l’illusion. Les portraits de Van Gogh, Cézanne, Picasso, Warhol sont reconstitués par l’artiste grâce à des matériaux incongrus (laine, ketchup, sauce chocolat, détritus…), créant ainsi un nouveau musée dans le musée, un «Musée imaginaire» pour reprendre l’expression de Malraux.

Vik Muniz
Le musée imaginaire

Avec l’exposition consacrée à Vik Muniz, la Collection Lambert en Avignon renoue et perpétue son souhait de faire découvrir un artiste étranger à travers sa première monographie dans un musée français. Après Francis Alÿs en 2002, Christian Marclay en 2003, Andres Serrano en 2004 ou Candice Breitz en 2005, Vik Muniz a les honneurs de l’hôtel de Caumont aux côtés de Lawrence Wiener, tout comme Christian Marclay était associé à la première exposition des photographies de Sol LeWitt, jamais présentées en France, mais aussi la dernière exposition du vivant du père de l’art Minimal. En plus d’une exposition monographique et d’un catalogue richement documenté et illustré, Vik Muniz propose également une installation nouvelle spécialement réalisée pour Avignon dans l’église des Célestins, là où en 2006, Miquel Barcelò créait avec Josef Nadj son désormais célèbre ballet chorégraphique et pictural sur une paroi de terre glaise fraîche, Passo Doble.

Dans les années 80, il s’installe aux États-Unis, âge d’or culturel où il est facile de rencontrer les plus grands artistes qui font sans problème le grand écart entre leur propre création, la mode, le graphisme et la musique. Très vite, s’instaure chez Vik Muniz une méthode qu’il expérimente avec différentes tentatives au départ, jusqu’à définir un système incroyablement créatif qui fonctionne par séries et que l’exposition permettra de découvrir à travers plus de 110 œuvres. Tout comme Francis Alÿs ou Christian Marclay, avec Vik Muniz, c’est l’histoire de l’art qui est mise en abyme. Les références se télescopent, les chefs-d’œuvre reconnaissables de tous sont associés à des petits bijoux que l’histoire de l’art cache et redécouvre en fonction de L’histoire de l’oeil, pour reprendre le titre du très beau livre de Georges Bataille. Mais c’est André Malraux qui a été retenu dans cette bibliothèque idéale. «Le Musée imaginaire» est le titre de l’exposition, puisque grâce à Vik Muniz, la Collection Lambert sera un musée dans le musée abritant des Picasso et des Monet, des Goya et des Piranese, en puzzle, confettis ou sauce chocolat.

Passionné d’histoire de l’art et d’études scientifiques concernant la vision et la perception, Vik Muniz entreprend un travail extraordinairement riche que cette exposition monographique entend dévoiler. La première salle sera un hommage à sa nomination aux Oscars d’Hollywood, en 2011, pour son documentaire sur les favelas de Jardim Gramacho de Rio de Janeiro. L’artiste proposait à des ramasseurs et trieurs de détritus dans des décharges à ciel ouvert de réaliser avec le fruit de leur travail des œuvres uniques qu’il allait mettre en scène dans des hommages à l’art, et avec des créations surdimensionnées, aussi impressionnantes qu’émouvantes. Les œuvres et le film seront associés dans l’exposition. Puis le parcours se voudra plus chronologique, au moins dans les premières salles, pour bien faire comprendre quelles sont les premières pistes, les premières expérimentations, et comment, comme l’écrivait Adorno, le maître de l’école de Francfort, «l’œuvre d’art est un contenu sédimenté». En effet, jamais une telle exposition permettra de comprendre, d’avoir l’intuition et la révélation de créations qui se concrétisent dans un processus quasi alchimique.

C’est tout l’art de Vik Muniz, toute son inspiration, comme le prouvent les images de son univers personnel, avec sa bibliothèque de Brooklyn peuplée de livres, mais aussi de tours d’ivoires dont les sphères ajourées révèlent des prouesses techniques d’un autre temps, des lanternes magiques qui exercent tant l’oeil que l’imaginaire, les bizarreries de Dame Nature, telle patte d’ours, telle empreinte de dinosaure, telle étoile de mer, tel bloc de cristaux démesuré…

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