ART | EXPO

Le K D.G.

13 Fév - 27 Mar 2010
Vernissage le 12 Fév 2010

Armé de crayons bien taillés, et du (non-)sens du rangement propre au collectionneur, Guillaume Dégé élabore des séries de dessins, soigneusement organisées par thèmes, collages d’après gravures, herbiers…

Communiqué de presse
Guillaume Dégé
Le K D.G.

Il suffit parfois de chambouler la chronologie pour transformer les références en influences. Ou vice-versa. Né en 1967, Guillaume Dégé serait donc un artiste contemporain. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il soit témoin de notre époque. Loin de là. Il a préféré s’en imaginer une autre, lui convenant peut-être davantage. Il s’est fait le héros de son propre univers utopique ou, plus précisément, uchronique. L’uchronie consistant à refaire par la pensée l’Histoire telle qu’elle aurait pu être et n’a pas été (exemple : dans Le Maître du haut château de Phillip K. Dick, les Allemands et les Japonais ont gagné la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont occupés, etc.).

Mais penchons-nous d’un peu plus près sur le cas Dégé, afin de mieux dater son époque imaginaire. C’est un collectionneur réputé, dont l’environnement esthétique est celui d’un chineur fou: boutons de manchettes, ex-libris, médailles, boîtes d’allumettes et autres objets trouvés ici et là, du côté de l’Hôtel Drouot et des marchés aux puces. Sans oublier une importante bibliothèque, dans laquelle aux côtés de catalogues Manufrance sont rangés Les Tableaux de platte peinture de Philostrate, ouvrage édité au XVIIe siècle. Beaucoup moins occupé à consulter ses mails qu’à tailler ses crayons, on le verrait bien comme Des Esseintes, le personnage de Joris-Karl Huysmans, un peu las des turpitudes du monde.

Le héros d’A rebours vivait retiré dans un pavillon à Fontenay, promenant sa décadence sur les rayonnages de sa bibliothèque ou dans la sélection méticuleuse des fleurs de son jardin. Des fleurs naturelles ressemblant le plus possible à des fleurs artificielles. La série des «Fleurs Imaginaires» de Dégé: plausibles mais réinventées. Armé de crayons bien taillés, et du (non-)sens du rangement propre au collectionneur, il passe le plus clair de son temps à élaborer des séries de dessins, soigneusement organisées par thèmes, collages d’après gravures, herbiers…

Dans une hypothétique histoire de l’art uchronique, nul doute que ce garçon aurait influencé l’univers esthétique des collages de Max Ernst, Une semaine de bonté. Puis Andy Warhol aurait repris à son compte les obsessions dégé-sérielles, en substituant aux fleurs, des boîtes de soupe Campbell. Roland Topor aurait revendiqué ce père spirituel de l’absurde au graphisme élégant, précurseur du surréalisme, du pop art ou de La Planète sauvage – le célèbre dessin animé SF panthéiste de René Laloux et Topor, – rien que ça: beau palmarès. Bon, c’est faux, mais ce n’est pas grave, Dégé ayant le bon goût de se ficher de l’avant-garde comme de l’an 40. Il mène son existence et son oeuvre au sein d’un temps réinventé, authentique et crâne.

Vernissage
Vendredi 12 février 2010. 18h.

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