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Le Journal des futurismes

le futurisme n’est pas une école de peinture ou de littérature, mais un mouvement révolutionnaire dont le but est d’instaurer une nouvelle sensibilité et une nouvelle approche du monde et de l’art.

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Giovanni Lista
Le Journal des futurismes

Aujourd’hui, au fur et à mesure que nous entrons plus avant dans le XXIe siècle, le rôle qu’a joué le futurisme au sein des avant-gardes, ainsi que sa raison d’être dans l’histoire de l’art moderne et contemporain, apparaissent clairement. Fondé en janvier 1909, à Milan, par l’écrivain Filippo Tommaso Marinetti, le futurisme est la première véritable avant-garde du nouveau siècle, capable de penser et d’affronter les questions les plus cruciales qui se posent à l’aube de la modernité. Il se veut révolution culturelle permanente, intégrant l’art dans les fondements mêmes de la société moderne, à savoir l’industrie, la science, les médias, le politique.

En effet, le futurisme n’est pas une école de peinture ou de littérature, mais un mouvement révolutionnaire dont le but est d’instaurer une nouvelle sensibilité et une nouvelle approche du monde et de l’art. Dans son manifeste inaugural, Marinetti s’emploie à définir l’attitude que l’homme et l’art doivent adopter face aux «forces du progrès» technologique et industriel. Marinetti proclame le refus du passé et se veut le chantre d’un avènement inconditionnel de la modernité, l’apôtre d’une foi positive quant au renouvellement constant de l’espace social et des conditions existentielles de l’humain.

De ce fait, le futurisme équivaut à un projet anthropologique: repenser l’homme dans sa confrontation avec le monde de la machine, de la vitesse et de la technologie. Pour Marinetti, qui refuse toute clôture utopiste, le futurisme devient avant tout une discipline de l’esprit. Être futuriste signifie poursuivre la régénération de toute chose, c’est-à-dire rechercher l’adéquation la plus totale de la vie humaine à la logique du devenir.

Le «mouvement futuriste» concrétise cette discipline de l’esprit à travers la volonté de renouvellement, le militantisme activiste et la ferveur créatrice qui engagent, sur un programme commun, tout un groupe de poètes et d’artistes. Dès sa fondation, le futurisme se pose comme une philosophie en acte et in progress, qui veut agir sur tous les champs de l’activité humaine, de l’art à la politique. Ainsi, il s’intéresse tout autant à l’architecture, la poésie, le théâtre, la peinture, la sculpture ou la musique qu’à la danse, la mode, la typographie, la publicité, à la cuisine ou à l’objet quotidien. Les multiples manifestes publiés par le mouvement, les activités et les initiatives qui se succèdent à un rythme vertigineux élaborent avec passion, pour chaque secteur d’activité humaine, une manière d’être « futuriste ». Le futurisme finira par exprimer les valeurs et l’esprit du siècle tout entier.

Cet ouvrage propose une approche complète du mouvement futuriste, considéré comme la première avant-garde du XX siècle. Sous la forme de fiches détaillées, consacrées aussi bien à la vie artistique, à son contexte culturel qu’aux manifestes et autres écrits théoriques ou critiques, il explique, dans ses différents étapes et à travers sa traduction internationale, année par année, la signification historique du futurisme, depuis l’Italie où il est né jusqu’en Russie.