ART | CRITIQUE

Le Grand Blanc (The Big White)

PLéa Bismuth
@31 Déc 2006

Une exposition de bonshommes de neige, mais traversée par un réseau de significations mêlant Noël, la société de consommation, le star system et la guerre avec… une dose salutaire d’humour.

Une exposition de bonshommes de neige en ces temps de fêtes de fin d’année… A première vue, c’est presque normal ; en tout cas, ça le serait si les bonshommes n’avaient pas un air étrange…

En effet, la première sculpture nous accueille tout de blanc vêtue, mais elle est sans visage et en chaise roulante, poussée par un autre bonhomme. De même, une autre sculpture apparaît comme un bonhomme difforme, un être de neige qu’un enfant malfaisant aurait mal assemblé: la carotte qui sert habituellement de nez laisse la place à plusieurs carottes placées dans tous les sens, les yeux faits de boules noires se dispersent ou forment des petits tas.

De toute évidence, ces quatre bonshommes sont malades ou encore mutants, comme le suggère le titre d’un des bonshommes. Ils sont d’autant plus malades que des tableaux qui les accompagnent, des acryliques sur papier, les mettent en question tout en leur donnant un horizon.
Ces œuvres picturales présentent des chars des Nations Unies : UN Armored Vehicle, UN Vehicle Black… On voit également la reproduction d’une publicité pour la chirurgie esthétique intitulée Male Chest Reduction.

La proximité de ces thèmes (la guerre, la chirurgie esthétique, la mort) avec les bonshommes mutants est parlante: il semble que Olav Westphalen critique la société occidentale qui se nourrit de rêve pendant qu’elle fait la guerre.
Il dénonce également une société consommatrice de perfection et dont les images de bonheur sont des impostures.
On comprend alors pourquoi un des bonshommes a pour titre Britney Spears, bonhomme de neige à l’attitude canine (sur les deux pattes avant), qui a deux têtes, mais pas d’yeux…

Le réseau de significations de l’exposition est en place : Noël, la société de consommation, le star system et la guerre vont de pair.
Ce discours serait un peu simpliste s’il n’était pas désamorcé par un certain humour, parce qu’on ne peut pas vraiment prendre au sérieux un discours aussi manichéen qui opposerait la blancheur virginale des sculptures au gris des tableaux figurant la guerre.
Des indices sont donnés comme ces deux personnages portant des toiles dans la rue qui ne sont autres que les célèbres voleurs des œuvres de Munch.

Il y a quelque chose d’ironique dans la diversité des sujets évoqués, comme si l’accumulation visait à montrer que les choses sont toujours plus compliquées que l’on pourrait le croire.

Olav Westphalen
— Doris Day with Black Halo, 2006. Acrylique sur papier. 176,5 x 146 cm (encadré).
— Detectives, 2006. Acrylique sur papier. 116 x 157,5 cm ( encadré).
— Male Chest Reduction, 2006. Acrylique sur papier. 188 x 221 cm (encadré).
— Posing with Dead Things, 2006. Acrylique sur papier. 119,5 x 175,5 cm ( encadré).
— UN Vehicle Black, 2006. Acrylique sur papier. 173,5 x 217 cm.
— UN Armored Vehicle, 2006. Acrylique sur papier. 156 x 193,5 cm.
— Documentary, 2006. Technique mixte. H: 169 x L: 90 x P: 255 cm.
— Mutant, 2006. Technique mixte. H: 135 x D: 150 cm.
— Britney Spears, 2006. Technique mixte. H: 105 x L: 90 cm x P: 200 cm.
— Munch Theft, 2006. Acrylique sur papier. 164 x 208,5 cm.

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