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Le film et son double. Du film performatif. Séance 5

01 Déc - 01 Déc 2015
Vernissage le 01 Déc 2015

Cette cinquième séance du cycle réunit Rabih Mroué qui présente une conférence non académique sur comment «les Syriens filment leur propre mort». Et Stephen Wright qui partagera ses vues sur l’imperformatif radical, en opposition au tout performatif.

Rabih Mroué, Stephen Wright
Le film et son double. Du film performatif. Séance 5

Ce cycle de conférences-performances proposé par Erik Bullot interroge l’hypothèse du «film performatif». La performance ou la conférence bonimentée peuvent-elles se substituer au film? Peut-on faire un film avec des mots? Ce format familier à de nombreux artistes induit des déplacements de la salle au musée, de l’image à la parole, de l’enregistrement au spectacle vivant. Chaque séance est l’occasion de programmer une double performance en croisant la parole d’artistes et de théoriciens en vue de tester la validité de l’hypothèse.

Programme
— The Pixelated Revolution par Rabih Mroué. Conférence non académique, 60 min.
«Les Syriens filment leur propre mort». Voici comment débute The Pixelated Revolution, à partir de quelques vidéos au cours desquelles nous sommes témoins du tir d’un sniper ou simplement d’un des soldats des forces du régime sur le caméraman. Ces vidéos montrent les moments du contact oculaire entre sniper et caméraman, lorsque la ligne de tir de l’arme et l’objectif de la caméra se croisent.
Cette conférence-vidéo non–académique s’interroge en premier lieu sur la manière dont les Syriens filment leurs images «ici et maintenant», réfléchit sur la relation entre cet acte de documentation photographique et la mort et questionne la façon dont nous percevons ces vidéos «maintenant, mais là-bas».
Rabih Mroué est metteur en scène de théâtre, acteur, artiste visuel, dramaturge. Il vit entre Beyrouth et Berlin. Son travail comprend des vidéos et des installations.

— L’Imperformatif, par Stephen Wright. Conférence, 45 min.
On comprend aisément l’attrait du performatif: arracher la puissance d’agir du sujet au paradigme de représentation qui la tenait captive. Mais à la lumière de son emploi inflationniste depuis quelques années, force est de reconnaître que les forces de rationalité stratégique se sont emparées de la performativité, faisant d’elle leur principal mode de capture et d’accumulation, nous invitant en permanence à performer nos subjectivités pour mieux les capturer et les monétiser, voire à «performer l’opposition», nous soustrayant peut-être à la besogne de… faire opposition. Face à cet horizon du tout performatif, l’imperformatif radical — le refus de se laisser déposséder de sa puissance de ne pas agir, la volonté d’échapper aux mécanismes de capture performative pour mieux agir à l’ombre —, longtemps resté le refuge des seuls braconniers, oisifs, déserteurs, squatteurs et autres adeptes du minimum syndical, semble soudain constituer le seul modus operandi réaliste.

Stephen Wright enseigne la pratique de la théorie à l’Ecole européenne supérieure de l’image (Angoulême/ Poitiers), où il est professeur référent dans le programme de recherche Document et art contemporain. Ses propres recherches portent notamment sur les pratiques artistiques à l’échelle 1:1, interrogeant les conditions de possibilité et d’usage d’un art sans œuvre, sans artiste et sans spectateur, c’est-à-dire d’un art qui se soustrait délibérément à l’horizon d’événements. En 2013, il a publié Toward a Lexicon of Usership, une sorte de «lexique des usages», s’efforçant de repenser le vocabulaire et les institutions conceptuels hérités de la modernité, à la lumière du tournant usologique des dix dernières années, dont l’édition française est à paraître fin 2015.

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