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Le doute et la grâce (Zweifel und Gnade)

25 Nov - 23 Déc 2011
Vernissage le 25 Nov 2011

Le papier, surface sensible, permet au dessinateur autrichien de réaliser des morceaux très raffinés. Nick Oberthaler travaille avec des matériaux contradictoires comme l’encre et la cire, le pastel et la gouache ou l’aquarelle qui ne peuvent se lier, créant des matières incertaines.

Nick Oberthaler
Le doute et la grâce (Zweifel und Gnade)

Nick Oberthaler est un dessinateur dont la pratique intrigue: il travaille la peinture et l’encre qu’il combine avec des fragments collés, mais il aime parler de dessins pour décrire ses œuvres. Le papier reste son support de prédilection pour ses qualités fragiles. Les traces qu’il y dépose sont irréversibles, le papier s’abîme, il aime le malmener.

Il utilise dans ses compositions de nombreux media, des photographies, des photocopies d’images trouvées dans des livres, dans des magazines, ou sur internet…
Untitled (Vertical horizon, after Philip de Koninck) (2011) est un petit dessin à l’encre et au pastel. Les matières sont visiblement superposées, de larges coups de brosse tracent un cadre autour d’un centre qu’occupe une carte postale colée sur son côté. On reconnaît un des fameux ciels nébuleux des paysages de De Koninck. Le reste du paysage a été occulté par l’artiste par une bande noire. L’espace du dessin se construit en une perspective dont le point de fuite, en cette carte postale apparaît comme une fenêtre sur un horizon basculé.

Nick Oberthaler aime combiner ses dessins entre eux, il les assemble ou les juxtapose dans des installations qui sont pour lui de véritables laboratoires. Parfois, il installe des murs en bois mal dégrossi, comme s’il essayait de déplacer dans l’exposition les murs de l’atelier pour en conserver ce qui s’y crée d’intuitif et de spontané. Il aime se jouer des cimaises strictes de la galerie ou du musée, par jeu. Jusque dans le dispositif, il navigue entre une forme stricte et une forme inaboutie.
Les images qui l’inspirent restent parfois collées à côté ou sur ses dessins. Untitled (Is painting a construction?) (2011), est un assemblage géométrique de plages de couleurs en nuances de gris, mais dont les contours nets rappellent les structures d’une peinture d’abstraction géométrique. La rigueur de cette construction semble délibérément rompue par la matière picturale posée à la hâte. Nick Oberthaler laisse des taches, des erreurs, il ajoute sur cette trame un papier collé aux bords irréguliers pour rétablir une certaine instabilité.

Les finitions sont inégales, très abouties ou esquissées. Il veut toujours garder le mystère sur les associations qu’il choisit et l’incertitude quant à ce qu’il souhaite vraiment révéler. Il insiste sur l’ambiguïté des images et laisse le regard se promener et décider lui-même de l’orientation qu’il va donner à l’œuvre.

Le titre de l’exposition, «Le doute et la grâce», parle de ces deux états qui souvent traversent l’artiste. Nick Oberthaler met beaucoup de temps à combiner ses matières et ses images, souvent tout change à la dernière minute et jamais on ne sait si un dessin est véritablement terminé au moment de l’exposition.

Nick Oberthaler présente aussi dans l’exposition des sculptures murales. Ses dessins s’associent à des structures métalliques en croix. Ce module trace une géométrie à même le mur qui déploie dans l’espace les limites du dessin. Il n’est pas un simple support, Nick Oberthaler précise notre perception en dirigeant notre œil en son point de croisement. Il est une métaphore du coin du miroir dans lequel on glisse une image préférée. On peut aussi voir dans ces sculptures, un paysage imaginaire posé sur les carreaux d’une fenêtre aux contours effacés, une vision nostalgique d’un état qu’on ne veut oublier. Nick Oberthaler aime penser que son travail a quelque chose de métaphysique, il explore les états de mélancolie, de nostalgie, de recueillement. Il dit dessiner comme il pourrait écrire de la poésie.

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