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Le Devenir-cochon de Wim Delvoye

Le critique d’art Pierre Sterckx analyse la part d’animalité dans l’œuvre, entre art et science, de son compatriote belge Wim Delvoye, auteur du célèbre Cloaca, emblème contemporain de l’«art-machine».

Information

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Présentation
Pierre Sterckx
Le Devenir-cochon de Wim Delvoye

Qu’est-ce qui relie des cochons tatoués et la machine à excrémenter Cloaca, une bonbonne de Butane décorée en Delft et une photo de montagne où s’inscrit un message privé, un vitrail et une excavatrice ?

La base de l’invariant de Wim Delvoye est à coup sûr son devenir-animal, un concept que Gilles Deleuze et Félix Guattari ont élaboré dans Mille Plateaux. L’indiscernabilité du devenir-cochon (est-ce humain, est-ce animal ?) introduit d’emblée à une double lecture des œuvres de Delvoye selon la désignation de la profondeur (la chair du cochon) et la surface de la signification (le tatouage du cochon). Il s’agit essentiellement, chez Delvoye, d’un travail de code à code, et cette double lecture que suscite avec clarté l’émulsion des choses et des signes considérés comme codes peut aider à comprendre son amour des arts décoratifs, lesquels sont à la fois des écritures et des images.

Quant à Cloaca, l’illustre et scatologique machine de Wim Delvoye, n’est-elle pas la phase exemplaire de son invariant, à la fois corps profond et surfacier, code à code de la gastronomie et de l’excrément (noble et ignoble) et art-machine fonctionnant en une zone, à la fois trouble et lumineuse, d’indiscernabilité des genres : art ou science ?

L’auteur
Pierre Sterckx est historien de l’art, consultant et critique d’art à Beaux-Arts Magazine et Art Press. Ancien directeur de l’École de recherche graphique de Bruxelles, il fut enseignant à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts et à l’Institut d’études supérieures des Arts de Paris.