LIVRES

Le Commerce des regards

Essai qui prend appui sur la tradition iconique des religions pour comprendre la passion pour l’image et les passions autour des images en Occident. Une analyse d’un regard qui s’est construit à partir des textes bibliques et dont il est encore empreint. Mais aussi une critique de la transformation de ce regard au profit d’une visibilité mercantile.

— Éditeur : Seuil, Paris
— Collection : L’ordre philosophique
— Année : 2003
— Format : 20,50 x 14 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 264
— Langue : français
— ISBN : 2-02-054170-X
— Prix : 23 €

Présentation
par Marie-José Mondzain (extrait, p. 9)

Ce livre est composé de quatre études portant sur la nature passionnelle des visibilités et sur leur destin politique dans une communauté. Ces quatre études s’enchaînent dans l’unité du souci qui les anime : qu’est-ce que voir ? Qu’est-ce que dire ce que l’on voit ? Qu’est-ce que faire voir ? Qui dit ce qu’il faut voir ? J’ai choisi une ligne d’exposition en boucle, partant de la nudité de Noé pour finir avec la nudité des rois dans le dessein de privilégier une thématique : celle de la construction du regard sur le visible dans le respect politique d’un hors-champ, c’est-à-dire d’une liberté. Cette liberté n’est que l’horizon visé par la construction de la place du spectateur comme sujet de la parole. Cette étude consacrée au commerce des hommes dans l’échange qu’ils font de signes visibles tente de dégager l’économie propre à l’image du marché des visibilités auquel tout concourt aujourd’hui à la réduire. L’économie du visible est ce tissage fait du croisement des regards dans chaque rendez-vous donné par les images. Est-ce le tissage d’une toile invisible où se déploient les visibilités ou celui d’un écran visible qui recouvre l’absence de tout objet ? Cette alternative définit l’ambivalence native de toute image qui exige pour se maintenir que nous renoncions à trouver la réponse en elle. Décider d’une image est l’affaire du commerce, celui des êtres parlants qui croisent les fils de leurs regards et de leurs mots pour construire le site qu’ils veulent partager. L’économie du visible est un choix politique, celui d’un lieu commun.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Seuil)

L’auteur
Marie-José Mondzain est philosophe et directrice de recherche au Cnrs.