ART | EXPO

Le Bois de Luminaville

14 Avr - 11 Juin 2016
Vernissage le 13 Avr 2016

«Le Bois de Luminaville», exposé à la galerie Edouard-Manet, est le jardin d’une cité imaginaire conçue par l’artiste Martine Aballéa. On n’y distingue plus le vrai du faux, le naturel de l’artificiel, l’intérieur de l’extérieur. Martine Aballéa lance au visiteur une invitation au voyage à travers un autre réel, dans lequel il doit redéfinir sa perception de l’espace et du temps.

C’est au début des années 2000 que l’artiste française Martine Aballéa commence son projet autour de Luminaville, une ville imaginaire dénuée de présence humaine, où il ne fait ni jour ni nuit. Toujours plongée dans le noir, elle n’est éclairée que par la luminescence des bâtiments, de la végétation et des divers objets qui l’habitent. Pour son exposition personnelle à la galerie Edouard-Manet intitulée «Le Bois de Luminaville», Martine Aballéa nous entraine dans un univers parallèle, énigmatique et hors du temps.

Martine Aballéa propose un jardin à la fois féerique et troublant dans lequel elle invite le visiteur à déambuler. Cet espace naturel indéfinissable, irradié par des végétaux fluorescents, comprend des éléments identifiables mais toujours différents de leur aspect original. Plus qu’un paysage fantastique, elle nous donne à voir une une réalité volontairement laissée inachevée et empreinte d’une inquiétante étrangeté. Elle permet à chacun de s’y projeter comme dans un décor, d’y construire de multiples scenarii, de possibilités de films.

Martine Aballéa occupe une place atypique sur la scène artistique contemporaine. Bien qu’issue de l’art conceptuel, son œuvre est à la croisée de la littérature, la photographie et la botanique. Elle constitue un mélange complexe d’images, de textes et d’ambiances où l’expérience du spectateur est primordiale. Quel que soit le medium utilisé, le paysage est chez elle un leitmotiv. Plus qu’une simple représentation de la nature, il est une construction mentale, un paysage métaphysique qui nous invite à nous projeter dans notre intériorité.

Mélancolie d’un monde perdu ou vision d’un avenir lointain ? À une époque où l’on s’interroge à propos des conséquences de la surpopulation mondiale sur notre environnement naturel, Martine Aballéa imagine des mondes dénués de présence humaine. Son regard, teinté de romantisme et d’absurde, évoque des temps immémoriaux où le végétal semble prendre l’ascendant sur toute autre forme de vie, invente de nouveaux écosystèmes au sein desquels les plantes auraient un rôle pleinement actif. Du Jardin Inconnu, installation où poussent des roses vertes à feuilles rouges, aux Intrigues végétales, une série photographique prenant la forme narrative d’un soap opera peuplé d’arbres colorés, elle a réalisé de nombreuses pièces préfigurant «Le Bois de Luminaville».

Tel un explorateur dans un parcours illusoire, le visiteur essaie de rapprocher ce qu’il voit avec ses connaissances, ses souvenirs, ses angoisses et ses désirs. À partir de ces quelques stimuli sensoriels, il se perd sans trouver la finalité de son cheminement. Il se trouve dans un rêve éveillé, dans un état hallucinatoire où il peut contempler paisiblement ces particules de lumière qui l’entourent, tout en se demandant, peut-être avec une certaine appréhension, s’il trouvera la sortie.

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