ART | EXPO

Lazy Days

04 Avr - 24 Mai 2008
Vernissage le 03 Avr 2008

Conçue en partenariat avec le Grand Café, centre d’art contemporain de St-Nazaire, la nouvelle exposition d’Elisabeth Ballet nous interroge à nouveau sur les procédures d’exploration du dispositif sculptural. Ses oeuvres tentent de percevoir les limites structurelle et spirituelle entre notre monde et celui des autres.

Elisabeth Ballet
Lazy Days

L’exposition «Lazy Days» présente quatre sculptures sur les sept œuvres produites en 2007 par le centre d’art contemporain de Saint-Nazaire le Grand Café. Les deux expositions ont été pensées pour les deux lieux conjointement. Une cinquième pièce s’ajoute à cet ensemble et ouvre une nouvelle perspective au travail d’Elisabeth Ballet. En 2004, «Beautiful Outside» explorait la notion de sculpture en boucle. On retrouve aujourd’hui les thèmes qui occupent l’artiste depuis une quinzaine d’années, sur les questions du déplacement et de la circulation dans l’espace, sur l’articulation du dehors et du dedans, de l’ouvert et du fermé, et sur le passage du physique au mental, elle s’intéresse à la combinaison de l’abstraction et du sujet pris dans le réel.

Rompant avec une sculpture purement formelle et abstraite, Élisabeth Ballet nous entraîne vers une matérialisation de la pensée qui laisse place à l’imaginaire comme prolongement évident de la matière. Ses pièces évoquent l’effort, et renvoient à l’univers du travail (manuel, industriel, intellectuel), mais aussi à son pendant, l’oisiveté, la rêverie, le songe, telles des métaphores du processus de création.

Si les sculptures d’Elisabeth Ballet sont véritablement « inspirées » par le lieu, elles sont universelles car elles remettent en jeu les questions classiques de la sculpture : en particulier chez elle, la question des limites et des bords (où commence et finit l’objet-sculpture), la pesanteur des matériaux, le rôle joué par le regard du spectateur, les effets d’ombre et de lumière. En guise d’introduction, Eyeliner tend à ouvrir l’espace d’exposition sur son au-delà. Un long ruban de caoutchouc noir déroule l’image d’une route contrariée par les murs, remarquable pour l’apparente facilité avec laquelle l’artiste évacue l’effort déployé face à l’apesanteur du matériau. La sculpture maintient le spectateur à distance tout en l’obligeant à une déambulation mentale.

Au mur, une enseigne lumineuse renvoie les mots Les idées, comme pour rappeler ce qui prévaut à l’acte artistique et engendre le processus de création. Cela prend en effet tout son sens dans la pratique d’Élisabeth Ballet qui accorde toute son importance à la phase de conception précédant la réalisation de ses sculptures, matérialisant au sens propre du terme l’idée ou l’envie qui sont à l’origine de l’œuvre. Pour elle, les sculptures sont de la pensée en acte, les idées doivent être poussées jusqu’au vertige.

Les mots Lazy Days peints au pochoir répondent à la lecture du néon Les Idées; la traduction en français par « les jours paresseux » renvoie quant à elle au sentiment de nonchalance et d’oisiveté qui imprègne sensiblement l’atmosphère de cette pièce. L’échelle, en bois solide et robuste, posée contre le mur, semble avoir été oublié par le peintre.  Dans l’espace visuel et dans la sculpture, il n’y a pas de mesure. La sculpture ne s’appréhende pas vraiment par la géométrie, et quelles sont ses limites réelles ? Où commence l’intérieur et en quoi l’extérieur participe à ce que je vois, et jusqu’où? Je peux décrire ce que je vois, mais cela ne suffit pas à donner l’idée de la sculpture, car l’environnement participe aussi à ce que la sculpture renvoie.

Réalisée en plexiglas transparent, la sculpture Flicker semble tout montrer de sa construction. En la contournant cependant, on y découvre une ouverture. Selon le point de vue du spectateur, elle apparaît comme une structure largement ouverte ou complètement refermée, en raison de jeux optiques. Intrusif, le regard se perd dans ce volume sculptant l’espace par l’obstacle, par la limite.
Au contraire de Flicker qui tente de nous faire appréhender les limites de l’endroit où nous sommes arrêtés pour la regarder, la sculpture Road Movie nous entraîne dans un tourbillon physique au-delà de la limite des murs de la galerie. Happé dans le sillage rouge, rose, bleu, noir, vert, jaune des lignes qui la compose, le spectateur ne sait plus s’il est pris ou rejeté par le mouvement général de l’œuvre qui ne connaît pas de repos. Elle donne un sentiment de vitesse, d’emportement et de bruit.

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