ART | CRITIQUE

Laurent Montaron

PMaxime Thieffine
@20 Mai 2008

Trois médiums pour trois propositions autour de la prédiction du futur : l’exposition de Laurent Montaron à la à la galerie Schleicher-Lange pose la question ancestrale du déterminisme de nos vies et du monde à travers une photographie, une installation et une vidéo.

Depuis toujours, l’avenir a été une source de préoccupations pour l’homme. Des entrailles d’animaux aux cartes de tarot, de la boule de cristal aux osselets, de nombreuses techniques ont été utilisées pour tenter de le prédire. Ce sont les osselets qu’illustre la photographie La Reine au dessus du creux de ma main figurant une main d’homme retenant quatre osselets entre ses doigts, tandis qu’un cinquième est suspendu en l’air.

Mais l’avenir est-il écrit ? Ou le monde est-il soumis aux lois du hasard ? Si le futur reste rétif aux prédictions, le hasard paraît mieux maîtrisé, notamment grâce aux mathématiques. C’est ce que veut fait Laurent Montaron dans son installation How Is It That This Long Night Is Interrupted, composée de deux ampoules électriques, d’un interrupteur et d’un générateur de hasard. En appuyant sur l’interrupteur, les deux ampoules s’allument alternativement jusqu’à ce qu’aléatoirement l’une d’entre elles reste allumée.

Dans son incapacité à prédire l’avenir, la science se heurte à la croyance. L’hypothèse d’un futur écrit donné lieu à des expériences comme celle présentée dans la vidéo Will There Be A Sea Battle Tomorrow ? .
Guidée par la voix d’un scientifique, une jeune femme cherche à deviner lequel parmi cinq symboles sera tiré au sort par une machine située dans une pièce voisine.
Des scènes répétitives s’enchaînent sans linéarité narrative, dans le décor froid d’un centre de recherche. La vidéo, qui ne donne aucune réponse, soulève cette question : si la science parvenait à prévoir l’avenir, voudrions-nous le connaître ? La croyance que le monde obéit à un principe de causalité n’est-elle pas plus rassurante ?
Ne préférons-nous pas croire en notre capacité à déjouer le déterminisme et à maîtriser le destin par notre action ? «C’est une merveille d’ignorer l’avenir», écrivait Marguerite Duras.

Laurent Montaron
— Will There Be A Sea Battle Tomorrow ?, 2008. Film (1080i / HD). 11 min 41
— La Reine au dessus du creux de ma main, 2008. Photographie C-Print. 140 x 180 cm
— How Is It That This Long Night Is Interrupted, 2008. Installation, deux lampes et un interrupteur en porcelaine, deux ampoules et un générateur de hasard.

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