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L’Art pour objet

De la question de l’écriture pour Piet Mondrian au rôle de l’artiste dans l’espace public, de la problématique de l’industrie culturelle selon Theodor Adorno à celle du polythéisme des valeurs, d’une querelle savante autour de l’objet et de la méthode en sociologie de la musique à une polémique publique suscitée par un concours d’embellissement controversé, ce recueil essaie de développer la problématique sociologique de l’art qui remonte de l’œuvre d’art à l’acte.

— Auteur : André Ducret
— Éditeur : La lettre volée, Bruxelles
— Année : 2006
— Format : 15 x 21 cm
— Collection : Essais
— Pages : 192
— Langue : Français
— ISBN : 2-87317-286-X
— Prix : 19 €

Présentation
Comme le veut la distinction que proposait Max Weber entre les sciences empiriques, vouées à la restitution du sens visé subjectivement, et celles, dogmatiques, pour lesquelles prévaut la quête du sens caché, véritable ou ultime de leurs objets, la sociologie des arts ne saurait se confondre avec cette seconde façon d’entendre le concept polysémique d’interprétation. Comprendre, pour le sociologue, c’est remonter de l’œuvre à l’acte, du produit au procès, de l’art «déjà fait» à l’art «en train de se faire» pour, comme on dit, replacer l’activité artistique dans son contexte, qu’il s’agisse de production ou de réception. C’est aussi croiser l’historien de l’art sur son terrain. Faudrait-il pour autant se refuser certaines questions sous le prétexte que d’autres disciplines sont mieux armées pour les aborder?

Qu’il s’agisse de l’écriture selon Piet Mondrian ou du rôle de l’artiste dans l’espace public, on jugera de la démarche au vu du résultat. Mais, comme le pensait Theodor W. Adorno, l’enfermement dans un domaine — celui de la réception — ou, pire encore, dans une méthodologie — celle du questionnaire — serait, pour le sociologue, se priver d’une bonne part des acquis de sa discipline. Défendre la nécessité d’une approche conjointe de la production, de la diffusion et de la réception de l’art ne revient pas à plaider pour la confusion ou le laisse raller : la connaissance ne progresse pas à coups de décrets et la coexistence de programmes à la fois concurrents et complémentaires au sein de la sociologie des arts offre l’assurance d’un débat fécond.

Certains des arguments échangés, il est vrai, ne sont pas neufs, comme le révèle l’examen de controverses antérieures. L’activité sociologique doit par ailleurs beaucoup, elle aussi, à son contexte, plus précisément au champ scientifique dans lequel elle s’inscrit. Ainsi les textes qui composent ce recueil rendent-ils compte d’un parcours de recherche au fil duquel de nombreux échanges au sein d’un réseau international de collègues et amis n’auront cessé de me rappeler que la sociologie est, en ce sens également, un sport de combat.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Lettre volée — Tous droits réservés)

L’auteur
André Ducret enseigne la sociologie des arts et de la culture ainsi que l’histoire de la pensée sociologique à l’université de Genève. Il est l’auteur de Mesures. Études sur la pensées plastique (La Lettre volée, 1990) ; L’Art dans l’espace public. Une analyse sociologique (Seismo, 1994) et en collaboration Architecte en Suisse. Enquête sur une profession en chantier (PPUR, 2003).