ART | TABLE RONDE

L’art crise (?)

09 Avr - 09 Avr 2009

La crise offrirait elle l’opportunité de repenser l’institution muséale et de réfléchir à de nouveaux modes de fonctionnements et de financements du monde de l’art ?

Les Jeudis de la Sorbonne – L’art crise (?)

Yves Michaud, Aude de Kerros, Yann Toma et Jean-Olivier Desprès

Jeudi 9 avril à 19h30. Amphithéâtre du Centre Saint-Charles. 47 rue des bergers 75015 Paris
Depuis septembre, le monde de l’art et de la culture est confronté à une baisse des ventes et des subventions. Le marché a enregistré un arrêt brutal des ventes records aux enchères, imposant aux maisons de vente un remaniement stratégique.

Les foires d’art contemporain subissent des annulations en cascade et se déroulent dans un climat préoccupant. Les entreprises mécènes recentrent leurs actions, sonnant le glas de l’ère de l’argent facile et des subventions généreuses et migrent vers d’autres secteurs que la culture. La crise oblige en effet les entreprises à rationaliser leur politique d’aide aux expositions, aux spectacles et à la sauvegarde du patrimoine.

En parallèle, un discours s’installe qui vanterait les effets vertueux de la crise. Outre une certaine revanche des collectionneurs avertis sur les spéculateurs, on observe à présent un réajustement des prix des oeuvres d’art, qui avaient atteint des sommes astronomiques ces dernières années. Tandis que les oeuvres des grandes signatures font toujours recette, on assiste à l’apparition de nouveaux talents et à la valorisation d’autres scènes artistiques.

Les effets de la crise opèrent un débordement vers un territoire utopique, celui où l’art et la culture seraient des repères et des valeurs sûres, non dictées par le dogme de la consommation euphorique.

Entre scénarios catastrophes relayés par les médias et cri du coeur des acteurs culturels annonçant une nouvelle ère où l’art reprend sa place, nous nous interrogeons sur les effets, à courts et longs termes, de la crise sur les secteurs artistiques et culturels, les stratégies adoptées par chacun des acteurs et les perspectives qui se profilent.

De quelle manière la crise va t-elle influencer la création artistique et notre perception sur le monde culturel ?
En quoi la culture serait la réponse à la crise économique alors quelle est aussi soumise à des lois ?
Pourquoi parler de retour aux sources, aux valeurs fondamentales et du rôle «purificateur» de la crise sur l’art ?
Quelles solutions alternatives ont les artistes pour rester indépendants face au marché de l’art et à ses fluctuations ?
Peut-on voir la crise comme une opportunité de repenser l’institution muséale, ses comportements et ses financements ?

Intervenants
— Yves Michaud est philosophe et professeur à l’Université de Paris I Sorbonne, critique d’art, ancien directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Beaux- Arts, directeur de programme au Collège international de philosophie. Il a été rédacteur en chef des Cahiers du Musée national d’art moderne du centre Georges Pompidou de 1986 à 1990. Il est le concepteur et l’organisateur de l’Université de tous les savoirs depuis 1998. Parmi ses nombreuses oeuvres, il a notamment écrit La Crise de l’art contemporain en 1997 ainsi que L’Art à l’état gazeux, Essai sur le triomphe de l’esthétique en 2003.

— Aude de Kerros est diplômée de droit et d’Etudes politiques et est également artiste graveur. A partir des années 1990, Aude de Kerros se fait également connaître par de nombreux articles d’analyse du monde de l’art. Elle prend part au débat sur la crise de l’art contemporain qui va durer une décennie, exprimant le point de vue de l’artiste.

Elle a publié des articles dans des journaux comme Le Monde, Le Figaro, Les Echos, mais également dans des revues comme Artension, (Marcel Duchamp détourné par la politique, n°36, en 2007 ), Le débat-Gallimard, La Nef, Univers des Arts, Liberté Politique, et beaucoup d’autres encore.

— Yann Toma est à la fois artiste entrepreneur et chercheur. Au sein du Cerap, il dirige Art & Flux, laboratoire de recherche qui observe et rend compte de ce qui lie art et économie (Publication de Les entreprises critiques). Après des études de commerce international, il s’est lancé dans les Arts plastiques. Cette double casquette lui permet d’être Président de l’entreprise Ouest Lumière, une ancienne compagnie d’électricité et ceci à vie, réactivant celle-ci dans une actualité contemporaine, politique et sociale. Son projet « Bankrot » est particulièrement intéressant : il rachète symboliquement des banques en faillite à New York, faisant de la crise financière son inspiration.

— Jean-Olivier Despres débute sa carrière professionnelle en 1999 à la galerie Baudoin Lebon à Paris comme assistant, où il se spécialise notamment en marché de l’art de l’après guerre. Il collabore en tant que directeur à la galerie Maurice Keitelman à Bruxelles de 2002 à 2004. Il est directeur en charge des ventes et de la production des oeuvres des artistes chez Emmanuel Perrotin.

Il a notamment dirigé l’exposition de Sophie Calle à la Biennale de Venise et celle de Takashi Murakami au Moca de Los Angeles. Il rejoint Christie’s Paris en 2000 et se voit confier la mission de développer les ventes du département « Art d’Après-Guerre et Contemporain », tant à Paris, qu’à Hong Kong, Londres et New York, sous la direction internationale de Florence de Botton.

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