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L’architecture est un sport de combat

Rudy Ricciotti, dans cet entretien-manifeste avec David d’Equainville, livre sa vision de son métier d’architecte, pour lequel il défend les savoir-faire et les techniques face à la globalisation et au désir de minimalisme utilitaire qu’elle diffuse à travers le monde.

Information

Présentation
Rudy Ricciotti
L’architecture est un sport de combat

A l’occasion de l’ouverture du Mucem, dont il est l’architecte, à Marseille et d’une rétrospective à la Cité de l’architecture à Paris, Rudy Ricciotti se livre à une analyse de l’architecture dans ses aspects techniques et réglementaires mais également artistiques.

Rudy Ricciotti est un architecte qui a le sens des mots et le goût des sens et qui aime à se faufiler entre deux idées reçues. Dans cet ouvrage, il explicite les principaux combats qu’il mène depuis plusieurs décennies, interrogeant de manière iconoclaste les enjeux et les perspectives de sa profession. Avec un réalisme éloigné de toute langue de bois, il est question:

— Du salafisme architectural dominant les constructions contemporaines: une architecture qui refuse les signes de toute expression personnelle, pratiquant ainsi une forme d’exclusion contre les projets qui ne s’inscriraient pas dans le strict respect d’un minimalisme utilitaire à l’anglosaxonne. Il dénonce ainsi le pragmatisme commercial d’une «architecture de supermarché» qui répand partout les mêmes formes au détriment de la spécificité des territoires alors que c’est de la «différence que naît la richesse».

— De la fourrure verte dont se drapent tous les «tartuffes» au chevet de l’environnement avec comme étendard la norme HQE (Haute Qualité Environnementale), alors qu’ils «massacrent» les savoirs faire des constructeurs, l’économie locale et la nature qu’ils prétendent défendre. Il dénonce le caractère pervers de cette norme qui oblige à importer beaucoup d’éléments comme ces énormes moteurs de climatisation qui, de plus, font circuler l’air vicié.

— De la pornographie de la réglementation dont les défenseurs et principaux bénéficiaires sont les tenants du pouvoir administratif. En multipliant règles et cadres normatifs, sans aucune concertation sur les réalités du métier et en particulier la prise en compte pourtant fondamentale des questions d’urbanisme.

Il ne faut pas s’y tromper: cet ouvrage n’est pas seulement polémique et provocateur. Il aborde avec vigueur et clarté la question de la responsabilité en matière d’architecture qui concerne la société tout entière.

Rudy Ricciotti, Grand Prix national d’architecture en 2006, est membre du comité éditorial de la revue L’Architecture d’aujourd’hui et a publié en 2007 HQE, Les renards du temple aux éditions Al Dante qu’il préside depuis 2009. Ses réalisations lui ont valu une notoriété internationale avec des œuvres où le béton, sa matière de prédilection, récuse avec vigueur les oukases d’une modernité devenue standardisée (Stadium de Vitrolles, Centre chorégraphique national d’Aix-en- Provence, Philarmonique de Postdam, passerelle de la Paix à Séoul, musée Cocteau à Menton).