ÉCHOS
10 Juin 2011

L’ADIAF s’indigne: les collectionneurs ne sont pas des spéculateurs!

PCommuniqué de presse
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L’Association pour la diffusion Internationale de l’art français (ADIAF) réagit vivement contre un projet de loi visant à réintégrer les œuvres d’art dans le périmètre de l’impôt sur la fortune. Projet d’un député UMP visant à défaire ce qu’un gouvernement de gauche avait institué…

C’est avec indignation — et nous traduisons le sentiment de la majorité des quelque 300 collectionneurs inscrits à l’ADIAF — que nous apprenons cette proposition visant à réintégrer les œuvres d’art dans le périmètre de l’ISF [impôt sur la fortune], et lisons les commentaires qui l’accompagnent.

Soupçonner les collectionneurs d’être des fraudeurs est indigne. Les assimiler aux grandes fortunes françaises ou mondiales, c’est montrer l’ignorance du rédacteur sur la réalité des collectionneurs d’art, personnages compulsifs et passionnés, qui souvent préfèrent sacrifier leurs vacances, leur voiture, leurs loisirs, leurs économies, pour acheter une œuvre d’art que parfois ils payent sur plusieurs mois… Investissements non productifs peut-être, mais onéreux à conserver, à protéger, à exposer.
Les collectionneurs sont les partenaires des artistes et les complices de la création de leur génération. L’achat d’une œuvre d’art contemporaine est un réel acte d’engagement et non un acte de spéculation.

Assimiler les collectionneurs à des spéculateurs, c’est ignorer cette réalité. Un tel jugement ne peut être basé que sur la seule lecture des invraisemblables records n’ayant le plus souvent aucune signification profonde avec la réalité artistique. Cette attitude revient à mépriser totalement l’énorme travail accompli par les collectionneurs et les galeries, oubliant leurs dépenses ou leurs pertes, pour ne plus considérer qu’un «gain» hypothétique, aléatoire et fragile.

Considérer que l’impact économique est «quasiment nul», c’est simplement oublier tous les métiers qui tournent autour de l’art: galeries, encadreurs, restaurateurs, imprimeurs, marchands et artisans de toutes sortes, derniers «conservateurs» d’un savoir-faire qui s’oublie et se perd… mais aussi maisons de ventes, foires internationales, biennales, expositions. C’est aussi mépriser la masse de visiteurs qu’elles attirent.

Mais les enjeux économiques ou fiscaux ne sont pas l’essentiel. Depuis de longues années, la France et ses artistes ont été exclus du monde international de la création.
Les grands collectionneurs comme les grands musées étrangers, les grandes foires internationales négligeaient les artistes français. Inquiète de cet état de fait, l’ADIAF a été créée dès 1994 par des collectionneurs pour réagir à cette situation et redonner de la visibilité internationale à la création française.
Le fameux et très officiel rapport Quemin a confirmé haut et fort ces constatations alarmantes et ce déclin. Les musées, les institutions ont vigoureusement participé à ce renouveau français: expositions sur l’art français au Centre Pompidou, au Palais de Tokyo, la Force de l’art, création du Prix Marcel Duchamp par l’ADIAF… Toutes ces initiatives ont eu pour but de mieux faire connaitre la scène artistique française.

Le résultat de ces années d’efforts se fait sentir. Aujourd’hui, le marché de l’art français n’est plus jugé négligeable; des galeries majeures étrangères s’installent à Paris ; les grandes ventes aux enchères resurgissent, la FIAC redevient l’une des trois premières foires du monde et Paris s’affirme comme une des plaques tournantes de l’art international.

Pénaliser les collectionneurs français reviendrait à casser l’élan qui a nécessité près de 20 ans à reconstruire. Car ce sont eux qui ont redonné en France sa vitalité, et ce sont souvent eux qui alimentent un mécénat tellement nécessaire à la vie artistique. Et les artistes français dans tout cela ? Ils ont absolument besoin de la reconnaissance nationale d’un large public pour pouvoir percer à l’étranger.

Alors pourquoi décourager ces collectionneurs français qui sont les premiers à les avoir soutenus et applaudis ; les pénaliser serait nuisible en premier à nos artistes qui risqueraient alors d’être de nouveau considérés comme «les danseuses de la République».

L’art n’est pas un enjeu économique, ce n’est pas un instrument de justice fiscale. Nuire aux artistes c’est perdre l’âme d’un pays, ce qui a été vu dans d’autres circonstances malheureuses. Les artistes sont les moteurs et les réservoirs de la création et le témoignage du dynamisme psychique d’un pays. Ils sont aussi notre orgueil et notre joie.

Quel désenchantement de voir la France réduite à tenir un rôle de second plan. Voila un plan bien machiavélique. En matière cinématographique, l’Etat a su favoriser de manière remarquable le développement du cinéma français. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les arts plastiques ? Abandonner nos artistes pour quelques euros de plus soulignerait le peu de cas que nos élites politiques se font du destin profond de notre pays.

Gilles Fuchs, Président de l’ADIAF
Florence Guerlain, Vice-présidente de l’ADIAF

Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français. 23 quai Voltaire, 75007 Paris T: 01 42 96 24 00 – E: adiaf@adiaf.com – www.adiaf.com

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