ART | CRITIQUE

La suite

PSarah Ihler-Meyer
@09 Oct 2009

La suite, en art, est soit le développement d’une idée esthétique, d’un principe interne, soit la répétition des apparences extérieures. Les artistes réunis chez Air de Paris retiennent de cette notion la première version.

Comme le démontrent les artistes réunis chez Air de Paris, la suite peut être un travail sur la «forme-formante» (Luigi Pareyson, Conversations sur l’esthétique), sur une «intention formatrice» se réalisant par et à travers le choix d’un matériau.

Ainsi de Sets and Collections 8-1014 d’Allan McCollum et d’Allen Ruppersberg, qui travaillent respectivement sur la signification publique ou personnelle des objets et sur la notion d’oeuvre d’art. Des présentoirs rouge, bleu, jaune, vert ou noir en forme de banc, d’escalier ou simplement cubiques exposent au regard des petits motifs noirs encadrés sur fond blanc. De légères variations sont perceptibles tant au niveau des supports que des dessins. C’est que, comme la linguistique l’enseigne, un mot, une chose, sinon une oeuvre d’art, ne fait sens, n’acquiert de la valeur que dans son rapport différentiel avec d’autres mots, choses ou oeuvres d’art.

Ce principe linguistique est également au coeur de Just Like an Ant Walking on the Edge of the Visible (détail, réarrangé par la suite) de M/M (Paris). Il s’agit de sept tabourets dont chacun des quatre pieds forme une lettre et dont chaque coussin représente la pointe d’un stylo différent.
Placés les uns à côté des autres, ces sièges constituent deux mots, «la suite»…Peut-être est-ce une manière de signifer que le sens d’une suite est la somme de ses parties. Ou bien que le sens n’est jamais donné mais toujours en construction, chaque nouvel élément venant changer l’orientation de ce qui le précède.

Quatre affiches réalisées à partir de photographies donnent à voir des couvertures de livres célèbres. Rien de moins en effet que Charles Baudelaire de Walter Benjamin ou encore Franz Kafka de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Ces couvertures jouxtent des mots superposés et enchevêtrés les uns dans les autres: «continuous project». Un réseau invisible se trame t-il entre ces ouvrages ? A chacun de le confirmer.

Allan McCollum et Allen Ruppersberg
— 
Sets and Collections 8-1014, 2005-2008.

M/M (Paris)
— Just like an ant walking on the edge of the visible (détail, réarrangé par la
suite)
, 2009.

Continuous Project

— Untitled (Eric Hazan), 2006.
— Untitled (Alexander Kluge), 2006.
— Untitled (Deleuze & Guattari), 2006.
— Untitled (Walter Benjamin & Le groupe d’intervention sur les prisons), 2006.

Liam Gillick
— The Potential of the Spontaneous or Disorganised Group, 2006.

Moriceau & Mrzyk
— Ephéméride, 2008.

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