PHOTO

La Photographie timbrée. L’inventivité visuelle de la carte postale photographique

Le Jeu de Paume à Paris, le Fotomuseum de Winterthur et le Museum Folkwang d’Essen présentent conjointement une exposition ayant pour thème la carte postale fantaisie, pratique photographique largement diffusée au début du XXe siècle et jeu sur la représentation pour professionnels comme pour amateurs.

Information

Présentation
Clément Chéroux
La Photographie timbrée. L’inventivité visuelle de la carte postale photographique

Ce catalogue a été publié à l’occasion  de l’exposition «La Photographie timbrée : l’inventivité visuelle de la carte postale photographique», présentée au Fotomuseum de Winterthur du 27 octobre 2007 au 10 février 2008, au Jeu de Paume — Hôtel de Sully, à Paris, du 4 mars au 8 juin 2008, puis au Museum Folkwang d’Essen du 18 juillet au 21 septembre 2008.

Extraits de «La photographie timbrée. L’inventivité visuelle de la carte postale photographique au début du XXe siècle», par Clément Chéroux

«Une des tendances les plus récentes dans la réflexion sur la photographie consiste à l’interroger en fonction de son support de diffusion : photographies dans la presse, livres de photographie, objets photographiques… Sur ces sujets, plusieurs expositions ou études ont, ces dernières années, non seulement rencontré l’intérêt du public, mais également marqué une avancée significative dans le champ de l’histoire de la photographie. Le présent ouvrage s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Il s’intéresse à ce qui a été, quelques années avant la presse ou le livre illustrés, le premier support à offrir à la photographie une diffusion de masse : la carte postale.

Qu’ils soient le fait d’historiens, de sociologues ou de cartophiles, les livres sur la carte postale sont légion. Le présent ouvrage propose un point de vue quelque peu différent. Il ne prétend pas établir une histoire factuelle ou technique de la carte postale en recensant les éditeurs ou en décrivant les modes de fabrication. Pas plus qu’il ne vise à inventorier les séries et les prix des cartes, tels ces argus destinés aux collectionneurs. Il ne s’agit pas non plus ici de s’essayer à une quelconque sociologie de la correspondance. C’est la raison pour laquelle il a été fait peu de cas du revers des cartes postales, toute l’attention restant portée sur leurs illustrations. Il ’agit donc résolument d’un livre d’images, un livre en trois parties, qui s’inscrit dans une histoire du regard, de la culture ou de l’imagination visuelle dans l’Europe du début du XXe siècle. […]

Cartes postales des éditeurs, des studios professionnels, et enfin des amateurs, l’organisation de l’ouvrage selon ces trois catégories devrait permettre d’interroger la « photographie timbrée » à la fois comme un support de diffusion de masse, mais aussi comme un jeu sur la représentation, tant dans la sphère privée que publique. Ces jeux visuels ne furent pas sans répercussions sur les artistes des avant-gardes des années 1920 et 1930. Certains d’entre eux, comme Paul Eluard, André Breton ou Salvador Dali collectionnaient les cartes postales fantaisies. D’autres, comme Hannah Höch, Herbert Bayer ou Man Ray les utilisèrent comme matériaux ou comme modèles de leurs propres œuvres. C’est à l’aune de cette modernité du regard que le présent ouvrage montrera l’extraordinaire inventivité visuelle des cartes postales fantaisies du début du siècle ; il permettra ainsi de constater qu’il existe autre chose que des « boring postcards », selon l’expression de Martin Parr.»