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La Peinture en France, 1968-2000. Les années de crise

Critique et historienne de l’art, Amélie Pironneau propose une histoire de la peinture française des quarante dernières années, «comme un trajet à rebours d’une histoire à laquelle avait été donnée une direction unique, dont la peinture était exclue».

Information

Présentation
Amélie Pironneau
La Peinture en France, 1968-2000. Les années de crise

En ce début du XXIe siècle, on assiste en France à une certaine effervescence autour de la peinture dont on annonce le retour. Plusieurs expositions, «Urgent Painting» (2002) au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, «Cher Peintre» (2002) au Musée National d’Art Moderne, prennent acte de la vitalité de la pratique picturale. En juin 2006, l’exposition «La Force de l’Art», consacrée à la création artistique française, a fait une large place à la peinture actuelle qui, présentée aux côtés d’autres modes d’expression, démontrait toute sa pertinence.

Cette effervescence récente est significative du contexte particulier dans lequel cette peinture s’est faite. Évoquer en effet le retour de la peinture laisse entendre qu’il y aurait eu disparition. Or, au moins trois générations de peintres apparues dans les trois dernières décennies étaient présentes à «La Force de l’Art», ce qui contredit une telle supposition et fait apparaître, à l’inverse, que son histoire a continué, que les artistes n’ont pas renoncé à la pratique picturale. Si retour il y a, ne s’agit-il pas davantage d’un changement dans la réception de la peinture, d’un regain d’intérêt pour cette pratique jugée désuète, dont la mort fut prononcée et à laquelle ne fut accordée que peu de visibilité durant ces années ? Cette effervescence ne traduit-elle pas une prise de conscience, de la part des institutions culturelles, d’un retard que cette reconnaissance tardive tente de rattraper ?

Retard pris dans la défense de la peinture qui n’a fait l’objet d’aucune exclusion, à aucun moment, en Europe et aux États-Unis. Retard par rapport à une histoire de la peinture que des artistes — parmi lesquels Alberola, Benzaken, Bioulès, Buraglio, Cane, Corpet, Cognée, Dezeuze, Desgrandchamps, Favre, Frize, Garouste, Piffaretti, Pincemin, Tatah, Viallat… — ont faite en marge de l’histoire officielle. Une histoire qui s’inscrit dans un mouvement général de réactivation de la pratique picturale à partir des années 1980, après la domination du minimalisme et de l’art conceptuel. C’est cette histoire que cet essai tente de retracer.

L’auteur
Amélie Pironneau
est docteur en histoire de l’art et critique d’art.