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La peau de l’autre

14 Mar - 17 Mai 2008
Vernissage le 13 Mar 2008

Les oeuvres de Marion Laval-Jeantet et de Benoît Mangin interrogent notre environnement à travers la figure de l’animal. Dans des confrontations extrêmes, les deux artistes cherchent à percevoir l’autre soi-même dans la fureur d’un ours ou les plumes d’un oiseau. Entre empathie et domination, chacun et appelé à se chercher dans le regard de l’autre. 

Communiqué de presse
Art Orienté Objet
La peau de l’autre

Le duo Art Orienté objet (Marion Laval-Jeantet & Benoît Mangin) s’est engagé résolument, depuis une quinzaine d’années, à réfléchir ou faire réfléchir par leurs œuvres sur un sujet crucial : la valeur des relations de l’homme et de son environnement, le rôle qu’il y tient, la place qu’il a voulu y prendre. Si la figure de l’animal est omniprésente dans leur travail, ce n’est pas tant pour illustrer sa condition souvent mise à mal, mais parce qu’il représente à leurs yeux la figure exemplaire de l’altérité, de l’Autre absolument. Ces préoccupations sont exprimées dans le titre donné à leur exposition à la galerie Anton Weller : la peau de l’autre.

Parce que l’environnement représente pour eux un vaste champ d’expérimentation, et qu’ils possèdent les outils des anthropologues, des éthologues ou plus généralement des chercheurs, leur travail interroge notre existence et en révèle les contradictions. Ainsi ils n’ont pas peur d’expérimenter eux-mêmes dans une nécessaire prise de risque : ramasser des plumes d’oiseaux possiblement contaminés par la grippe aviaire, tenter de communiquer munis d’un casque à bois avec des cerfs sauvages, recevoir du sang animal… bref aller à la rencontre physique et émotionnelle de ce tout-autre.

Ils absorbent le monde en posant la question de l’empathie : voir l’Autre tant chez l’homme que dans l’animal ou le végétal, se glisser dans sa peau, afin de cerner les frontières de moins en moins tangibles de ce qui nous définit en tant qu’humains. Mais la peau de l’autre recèle également des connotations nettement moins altruistes et beaucoup plus guerrières : la peau de l’autre, c’est aussi celle qu’on veut se faire. D’où naît une tension inquiétante entre des points de vue contradictoires : la rencontre et l’empathie, mais aussi le désir de dominer, de détruire.

Dans l’installation le tout Autre, un agneau taxidermisé est transpercé par des tiges d’acier dorées, sur lesquelles il repose. Symbole universel de l’innocence, il est aussi animal du sacrifice, c’est-à-dire métaphore et substitut au sacrifice humain. Il représente autant le bouc émissaire dont parle René Girard (La violence et le sacré) que l’agneau mystique de Jan Van Eyck dont il reprend la position exacte. Ainsi il est exutoire social, mais encore cristallisation cathartique, qui permet aux sociétés humaines de pacifier sur sa « peau ».

L’installation qui lui fait face, la Machine à méditer sur le sort des oiseaux migrateurs, est un chaise interactive dont les ailes composées de plumes d’oiseaux migrateurs récupérées en période de grippe aviaire, se replient sur le visiteur au moment où, méditatif, il relâche son corps. D’emblée, la chaise évoque un baiser de l’ange, et donc la protection ; mais elle induit aussi un trouble lié à sa dimension animale autant qu’à la peur du virus actuel*. Cette œuvre fait partie du projet Paran’home, une série de pièces à habiter visant à guérir les inquiétudes du quotidien contemporain.

Les nouvelles installations proposées à la galerie Anton Weller sont d’abord des appels à reconsidérer la place de l’Autre, à l’éprouver physiquement, avec un parti-pris écologique manifeste. Elles sont autant d’éléments qui nous renvoient à la dualité humaine, où le germe de violence et de destruction semble ineffaçable. Et de façon inquiétante, l’autre à soi-même devient l’autre soi-même.

Le vernissage commencera à 18h. 

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