DANSE | SPECTACLES

La passe imaginaire

13 Mar - 03 Avr 2020
Vernissage le 13 Mar 2020

Dans son solo La Passe imaginaire, Etcha Dvornik ne se contente pas de déclamer les mots de l’écrivaine et prostituée Grisélidis Réal, elle les fait vivre sur scène par la danse et incarne ainsi la prostitution vécue dans la chair, pour le meilleur et pour le pire.

Etcha Dvornik est une autrice, danseuse et chorégraphe slovène. Au cours des dernières décennies, elle a créé plusieurs spectacles traversés de questionnements sur l’identité, la féminité et l’érotisme, en mêlant sa culture natale à celle de la France et des États-Unis. Elle poursuit ce travail dans une adaptation chorégraphique de l’ouvrage La Passe imaginaire de Grisélidis Réal.

La Passe imaginaire : l’adaptation chorégraphique des mots de Grisélidis Réal

La Passe imaginaire est d’abord le titre de l’œuvre maîtresse de l’écrivaine et peintre suisse Grisélidis Réal (1929-2005). Après s’être prostituée dans les années 1960 pour subvenir aux besoins de sa famille, elle a milité en faveur d’une réglementation de la prostitution, qu’elle conçoit comme un métier à part entière, méritant protection et reconnaissance. La Passe imaginaire regroupe la correspondance qu’elle a entretenue pendant dix ans avec l’écrivain Jean-Luc Henning et qui relate avec une plume lyrique et crue son quotidien de travailleuse du sexe.

En lisant le texte, Etcha Dvornik a été touchée par sa qualité littéraire mais aussi par la représentation du corps féminin qui s’y trouve. La description de « ce corps souffrant, jouissant, écrasé, douloureux », comme elle le décrit, devient ainsi une matière chorégraphique. Le spectacle La Passe imaginaire vise donc à adapter le texte de Grisélidis Réal par un travail sur le mouvement.

La Passe imaginaire : incarner le corps d’une prostituée

Seule sur scène, vêtue d’une élégante robe noire épinglée d’une fleur rouge, Etcha Dvornik scande la poésie provocatrice de Grisélidis Réal tout en l’incarnant par la danse. La chorégraphie du spectacle La Passe imaginaire reprend ainsi tantôt les mouvements crus de va-et-vient, tantôt une subtile gestuelle érotique. L’ambiguïté de la prostitution au quotidien, entre bienveillance et violence, entre chaleur et froideur, se ressent dans le moindre geste : les bras de l’interprète se déploient pour accueillir l’autre, puis ses mains viennent enserrer son cou.

Le spectacle ne manque pourtant pas du mordant, voire de l’humour de Grisélidis Réal, comme en témoigne le sol de la scène, jonchée de kleenex – ceux-là même dont l’écrivaine espérait qu’ils tomberaient en masse sur sa tombe, « fraîchement utilisés avec amour et jetés ça et là, comme des papillons joyeux, butinant et voltigeants ».

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