ART | EXPO

La parabole des aveugles

29 Nov - 12 Jan 2013
Vernissage le 29 Nov 2012

Utilisant pour la première fois la sculpture, Thibault Hazelzet a réalisé des «personnages-silhouettes» tronçonnés en bois, modelés avec du plâtre et assemblés avec des planches de contre-plaqué. Ces sculptures de tailles diverses, sans visage et sans regard, ont fait l’objet d’une captation photo et apparaissent ainsi comme des objets photographiques.

Thibault Hazelzet
La parabole des aveugles

La nouvelle série photographique de l’artiste Thibault Hazelzet est une variation libre du tableau de Bruegel l’Ancien La Parabole des aveugles (1568). Dans cette toile, six aveugles en haillons, guidés les uns par les autres car se tenant par l’épaule, semblent aller de concert vers une chute certaine. On pense ici par extension à l’expression familière des «moutons de Panurge», traduisant l’idée des suiveurs qui, n’exerçant pas leur esprit critique, ni leur libre arbitre, tombent fatalement dans le puits de la bêtise aveugle.

Après quelques échappées loin de l’histoire de la peinture avec ses séries Autoportraits et Soldats, Thibault Hazelzet revient aujourd’hui à un travail qui lui est cher: revisiter par le medium photographique les grands thèmes de l’histoire de l’art et de la peinture en particulier.

Composées de diptyques et de triptyques, cette nouvelle série en couleurs explore de nombreuses techniques photographiques (jeu sur le flou, la netteté, la profondeur de champ, la surexposition et la sous-exposition), afin que celui qui regarde ressente une gêne, un éblouissement, un aveuglement.

A ce premier trouble, l’artiste a rajouté volontairement une absence de repères, d’échelle et un développement en négatif et en positif pour chaque diptyque et chaque triptyque. Ici c’est le spectateur qui est l’Aveugle. Depuis ses débuts, l’artiste Thibault Hazelzet a toujours voulu, par différents moyens de caches et de reflets, «casser l’image» traditionnelle photographique dans laquelle le regard peut simplement de fondre. Créer une distanciation face à l’image, en faire un objet photographique complexe.
Ces photographies sont peuplées d’«aveugles», personnages-silhouettes réalisés par l’artiste, qui pour la première fois utilise la sculpture. Tronçonnés en bois, modelés avec du plâtre et assemblés avec des planches de contre-plaqué, ils essaiment l’espace en une procession lunaire. «Quelque part entre un sabbat spectral et les fantômes de Neil Armstrong…». Ces sculptures de taille très différentes, sans visage et sans regard, aux proportions difformes sont aussi visibles dans l’exposition.

Pour l’artiste, elles n’ont d’abord été que le préalable à une captation sur la photographie, elles n’avaient pas d’existence propre en tant qu’œuvre. Un peu à la manière du peuple africain des Dogon du Mali qui fabriquent des masques dans le seul but de les utiliser dans des cérémonies traditionnelles, ceux-ci sont ensuite très vite entassés et abandonnés dans une grotte. Afin de «sauver» ces sculptures à la présence si forte et si étrange, Thibault Hazelzet leur a donné un socle (comme les amateurs d’art africain l’on fait pour les masques Dogons): il leur a donné corps, il leur a donné vie.

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