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La Nuit étoilée

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@12 Jan 2008

L’artiste mexicain Gonzalo Lebrija présente Starry Night, un wall-painting figurant un ciel étoilé, ainsi que Catch My Fall, une vidéo au ralenti dans laquelle il rebondit énergiquement sur un lit. Teinté d’onirisme et de romantisme, l’œuvre de Lebrija fait la part belle au grotesque.

Dans un clair-obscur de circonstance, on découvre que les murs de la salle principale de la galerie ont été «customisés» par l’artiste mexicain Gonzalo Lebrija. Un wall painting parsemé d’étoiles dorées nous enveloppe d’une douce nuit qu’éclairent une série de globes lumineux évoquant autant de lunes apaisantes. Nul spot aveuglant, nul bande-son tonitruante, tout n’est que calme et volupté au sein de cette cosmogonie graphique, inspirée d’une scène du film de Martin Scorsese The Aviator, et qui n’est pas sans rappeler la voûte céleste médiévale traditionnellement faite de lapis-lazuli et de feuille d’or. «Politique, fortune, astrologie, romantisme, glamour et rédemption spirituelle, semblent converger dans ce véritable ready-made d’un simulacre de ré-interprétation d’un diagramme emblématique sacré», commente le critique Cristian Silva.

Au seuil de la salle, un écran diffuse en boucle une courte vidéo, Catch my Fall, qui reprend le motif de la nuit étoilée à travers le pyjama de son protagoniste — l’artiste lui-même. Le voilà défiant les lois de la gravité, et multipliant les acrobaties sur le lit d’une chambre d’hôtel. Le ralenti permet de créer l’illusion que le corps est maintenu en suspens, et de transformer en spectacle cet exercice risible d’une vanité manifeste.

Reprenant la thématique du vol — il avait organisé en 2001 un concours d’avions en papier du haut du plus grand immeuble de Guadalajara —, Gonzalo Lebrija tente l’impossible, non sans (auto)dérision. Le dispositif utilisé dans Catch My Fall évacue toute notion d’exploit et avec, de danger. C’est au contraire dans le plus grand confort qu’il est rattrapé au vol, s’écrasant dans sa chute contre un matelas des plus moelleux, et anéantissant de facto la figure du super-héros. Teinté d’onirisme et de romantisme, l’œuvre de Gonzalo Lebrija fait la part belle au grotesque.

Gonzalo Lebrija
— Starry Night, 2007. Peinture sur plusieurs murs de la galerie Laurent Godin. Dimensions diverses.
— Catch My Fall, 2003. Vidéo.

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