DANSE | SPECTACLE

La Mouette

24 Avr - 27 Avr 2013
Vernissage le 24 Avr 2013

Mise en scène aux allures de bal masqué La Mouette, d’Anton Tchekhov, a été créée pour le Festival d’Avignon 2012 par Arthur Nauzyciel. Adaptation singulière, cette pièce ne ressemble à aucune autre. Graphique, picturale, onirique, La Mouette, selon les mots du metteur en scène parle «d’art, d’amour et du sens de nos existences».

Arthur Nauzyciel
La Mouette

La pièce, écrite quand s’inventent le cinéma et la psychanalyse, témoigne des changements du tournant du 19e au 20e siècle, qui sans être énoncés, projettent les personnages entre attente et inquiétude, mélancolie et espérance, peu de temps avant les grandes guerres.

Quand Tchekhov écrit La Mouette, tout est en transformation, un monde se reconstruit sur la fin d’un autre. Nous-mêmes, aujourd’hui habitons dans les ruines du siècle précédent, un monde d’après la catastrophe –c’est-à-dire, comme l’a écrit Walter Benjamin, dans l’origine: «L’origine ne désigne pas le devenir de ce qui est né, mais bien ce qui est en train de naître dans le devenir et le déclin». Nous sommes en mutation.

Nina parle de l’Horizon. Mais notre horizon à nous s’est déplacé, nous sommes résignés et sceptiques au sortir des expériences du siècle passé. Entre utopie et mémoire, projection dans l’avenir et regard vers le passé, dans un horizon d’attente vers lequel s’orientent nos actes et nos pensées. Il n’y a plus cet horizon de l’autre côté du lac, lieu de désir, de possibilités nouvelles et d’avenir.

Aujourd’hui, les personnages de La Mouette sont devenus cet horizon d’attente, ils hantent le lac qui s’est asséché, comme dans la pièce de Tréplev. Dans ce qui fut un lac, dans ce qui fut peut-être un théâtre, une humanité perdue tente de ne pas oublier. Il leur reste les mots. Les mots, une fois prononcés, ne peuvent faire disparaître l’espace qu’ils ont ouvert.

«Répondre à la question «Pourquoi monter La Mouette?», c’est répondre à la question «Pourquoi ou comment faire du théâtre, pour moi, aujourd’hui? Quelle histoire raconter
après Jan Karski?» Quel discours y tenir, quelle parole y faire entendre, de quoi l’investir?
La Mouette parle d’art, d’amour, et du sens de nos existences. Une pièce sur l’art, c’est-à dire sur le spirituel dans l’art et sa nécessité dans nos vies, des vies gâchées ou absurdes, que seuls la beauté, le rêve, la poésie viennent parfois éclairer. Et l’espérance. Cela devrait suffire. Elle finit par la mort d’un jeune homme, un artiste, et c’est justement comme ça que nous la commencerons.»

par Arthur Nauzyciel

D’Anton Tchekhov, mise en scène et adaptation: Arthur Nauzyciel
Adaptation Arthur Nauzyciel, d’après la version originale de 1895, traduite du russe par André Markowicz et Françoise Morvan (Actes Sud, 1996)

Avec Marie-Sophie Ferdane Nina (de la Comédie-Française), Xavier Gallais Tréplev Vincent Garanger Dorn Benoit Giros Chamraïev Adèle Haenel Macha Mounir Margoum Medvédenko Laurent Poitrenaux Trigorine Dominique Reymond Arkadina Emmanuel Salinger Sorine Catherine Vuillez Paulina
Décor: Riccardo Hernandez
Lumière: Scott Zielinski
Son: Xavier Jacquot
Chorégraphie: Damien Jalet
Costumes: José Lévy Masques Erhard Stiefel
Musique: Winter Family et Matt Elliott
Régie générale: Jean-Marc Hennaut
Assistante costumes: Sylvie Trehout Bello
Conseil littéraire: Leila Adham
Régie son: Florent Dalmas Vassili Bertrand
Régie lumière: Christophe Delarue
Régie plateau: Antoine Giraud Roger
Dresseur animalier: Mélanie Poux

Repères biographiques
Après des études d’arts plastiques et de cinéma, Arthur Nauzyciel est élève à l’école du Théâtre national de Chaillot, dirigé par Antoine Vitez. Il joue ensuite sous la direction d’Éric Vigner, Alain Françon, Jacques Nichet, Philippe Clévenot et Tsai Ming Liang.

Artiste associé au Cddb -Théâtre de Lorient, il y crée sa première mise en scène en 1999, Le malade imaginaire ou le silence de Molière d’après Molière et Giovanni Macchia, repris régulièrement en France et à l’étranger.
En 2003, il crée Oh les beaux jours avec Marilù Marini. En 2004, il met en scène Place des héros qui marque l’entrée de Thomas Bernhard au répertoire de la Comédie-Française. En 2008, il crée Ordet (La Parole) de Kaj Munk pour le Festival d’Avignon, repris dans le cadre du Festival d’Automne à Paris en 2009.
Il travaille régulièrement aux Etats-Unis où il crée à Atlanta Black Battles With Dogs (2001) et Roberto Zucco (2004) de Bernard-Marie Koltès et à l’American Repertory Theater de Boston, Abigail’s Party de Mike Leigh (2007) et Julius Caesar de Shakespeare (2008), présenté notamment au Cdn Orléans/Loiret/Centre, à la Maison des Arts de Créteil dans le cadre du Festival d’Automne à Paris (2009), au Tgp cdn de Saint-Denis (2010) et accueilli en Colombie en avril 2012 au Festival Ibéroaméricain de théâtre de Bogotà, l’un des plus importants festivals d’Amérique Latine.
Invité en Islande depuis 2007, Arthur Nauzyciel y crée Le musée de la mer de Marie Darrieussecq en 2009, présenté ensuite au Cdn Orléans/Loiret/Centre puis en février 2011 au T2G-Théâtre de Gennevilliers, Cdn.
C’est à Dublin qu’il crée en 2006 L’Image de Samuel Beckett pour l’ouverture du Beckett Centenary Festival, avec Damien Jalet et Anne Brochet. Cette performance conçue pour être recréée dans les pays où elle est invitée, a été présentée notamment à Reykjavik en 2007 et à New York en 2008, avec Lou Doillon. En France, elle a été accueillie au Cdn Orléans/Loiret/Centre pendant un mois, en octobre 2010, puis à la Ménagerie de verre dans le festival «Étrange Cargo» au printemps 2011. En 2009, il est invité par Franco Quadri à diriger un travail avec de jeunes acteurs européens dans le cadre de l’École des Maîtres: il crée A doll’s house d ’Henrik Ibsen. Le projet est présenté à Liège, Reims, Rome et Lisbonne.
Il crée en juillet 2011, en ouverture du Festival d’Avignon, Jan Karski (Mon nom est une fiction) d’après le roman Jan Karski de Yannick Haenel, repris en ouverture de saison au Cdn Orléans/Loiret/ Centre puis en tournée en France.
En novembre 2011, il crée Red Waters, le premier opéra de Lady & Bird (Keren Ann Zeidel et Bardi Johannsson) à l’Opéra de Rouen Haute-Normandie dans le cadre du festival Automne en Normandie, et dirige la lecture de Faim d’après le roman de Knut
Hamsun, avec Xavier Gallais, au théâtre de la Madeleine
En avril 2012, il crée Abigail’s Party de Mike Leigh avec les comédiens permanents du Théâtre National de Norvège à Oslo. Il est lauréat de la Villa Médicis Hors les
Murs.
Depuis le 1er juin 2007, il dirige le Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre.

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