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La manipulation des images dans l’art contemporain

Catherine Grenier interroge ici les différents statuts de l’image dans l’art contemporain. A travers de nombreux exemples, elle étudie les stratégies de manipulations de l’image introduites par les nouvelles générations. Elle propose également une analyse des procédures du «faux» et de l’extrapolation qui ont récemment connu un essor considérable.

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Présentation
Catherine Grenier
La manipulation des images dans l’art contemporain

Quel est le statut de l’image dans l’art d’aujourd’hui? Pourquoi l’art contemporain a-t-il réinscrit dans sa pratique la production des images, dont la modernité avait semblé se détourner — et cela alors même que l’image est devenue l’un des objets les plus banals de la vie quotidienne? Comment les images proposées par les artistes se distinguent-elles de la prolifération environnante? Y a-t-il une caractéristique des images produites en ces débuts du XXIe siècle? Comment les artistes utilisent-ils ou manipulent-ils les images?

Dans cet essai, Catherine Grenier interroge les différents statuts de l’image dans l’art d’aujourd’hui. Prenant appui sur de nombreux exemples, elle étudie les stratégies de manipulations de l’image introduites par les nouvelles générations. Discernant trois catégories principales d’intervention sur l’image — la falsification, la théâtralisation et la mythologisation — elle analyse les diverses procédures du «faux» et de l’extrapolation qui ont récemment connu un essor considérable, comme le remake, le re-enactment, la performation, la fictionnalisation.

Ce faisant, elle aborde une gamme très large de propositions artistiques, depuis l’esthétique documentaire et le faux témoignage jusqu’au tableau vivant, l’art en costume ou l’image fossile.

«Ces dernières années, les termes de re-enactment et de restaging sont venus s’ajouter au vocabulaire des pratiques contemporaines, où ils tiennent aujourd’hui une place importante. Intraduisibles en français, ils désignent la réédition ou la remise en scène d’actions qui se sont produites dans le passé, qu’il s’agisse de performance artistiques ou d’événements historiques. S’inspirant du modèle de la reconstitution historique, ils vont redonner vie, à travers une mise en scène réaliste, à des épisodes réels vécu dans le passé — événements artistiques, culturels ou sociopolitiques.

Destinées à perpétuer ou à actualiser la mémoire, la quasi totalité de ces rééditions sont filmées, offrant ainsi un “être image” à des épisodes du passé non ou insuffisamment documentés. Les objectifs des artistes sont multiples et se sont diversifiés au cours du temps. Dans le domaine de la performance, il s’est agi tout d’abord de sauver les performances passées de l’oubli, ou de les réinterpréter. Des expositions mythiques ou oubliées, font l’objet de cette même actualisation de la part d’artistes, ou de curateurs dont l’attitude frôle parfois celle de l’artiste. D’autres rééditions, devenues très nombreuses, s’appliquent non pas à une référence artistique mais à un fragment d’histoire, à un événement politique ou sociétal, et le propos est alors historiographique et politique. Toutes ces pratiques sont basées sur une conception renouvelée de l’Histoire et témoignent d’un besoin de mémoire devenu de plus en plus impératif.»
Catherine Grenier

Sommaire
— Introduction
— Chapitre I: Remake
— Chapitre II: Re-enactment et restaging
— Chapitre III: Vrais et faux témoignages
— Théâtralisation de l’image
— Mythologisation de l’image
— Notes