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La Maison des Artistes

19 Mai - 09 Juil 2005
Vernissage le 19 Mai 2005

L'exposition "La Maison des Artistes" est une mise à l’épreuve du statut de l’image et de sa circulation. Par des gestes simples, Raphaël Boccanfuso use des pouvoirs de l’image, qu’ils soient commerciaux ou idéologiques. il pousse le copyright jusqu’à sa propre contradiction en l’appliquant au pied de la lettre ou bien joue sur une rationalisation ironique de reproductions d’œuvres de peintres modernes.

Raphaël Boccanfuso
La Maison des Artistes

Le carton d’invitation sous forme de carte postale (un des supports privilégiés de l’artiste) donne d’emblée le ton et la teneur de l’exposition : une église à l’allure insignifiante, datant à première vue du milieu du vingtième siècle, reconvertie en espace d’exposition et surmontée d’une pancarte sur laquelle on peut lire «Maison des Artistes» et «Service Municipal de la Culture».

Ce n’est pourtant pas dans cette «Maison des Artistes» que l’exposition prend place, mais bien à la galerie Patricia Dorfmann, du 19 mai au 9 juillet prochain. Cette exposition réunit un ensemble de projets dont certains réalisés spécialement pour celle-ci.

Il s’agit ici d’une mise à l’épreuve du statut de l’image et de sa circulation dans la société contemporaine. Par des gestes simples, Raphaël Boccanfuso use des pouvoirs de l’image, qu’ils soient commerciaux ou idéologiques. L’artiste pousse le copyright jusqu’à sa propre contradiction en l’appliquant au pied de la lettre ou bien joue sur une rationalisation ironique de reproductions d’œuvres de peintres modernes ou encore passe lui-même commande d’une représentation stéréotypée du lieu dans lequel il est invité à exposer.

Les oeuvres

« Land Art » ( 2004-2005) est une série de nouvelles photographies où l’artiste, par différentes postures, intervient directement et qualifie ironiquement son environnement immédiat.

« Faux » (2004) : Raphaël Boccanfuso a demandé à deux artistes développant une pratique liée à leur gémellité de refaire un document administratif officiel en échangeant leurs identités. La photo et le nom ne correspondant plus, il s’agit de véritables faux papiers.

Savoir disposer ses couleurs, projet présenté sous son terme générique, propose l’appropriation de peintures modernistes et plus précisément de leurs reproductions auxquelles Raphaël Boccanfuso fait subir une « rationalisation » radicale.
L’artiste coupe, colle, en calculant la superficie des différents aplats de couleurs constituant le document original pour recomposer chaque tableau sous forme de diagrammes (cf. la carte postale reproduisant New York City I de Piet Mondrian recomposée sous forme d’histogramme ainsi que la Contre-composition V de Theo Van Doesburg sous forme de «camembert »).

Raphaël Boccanfuso applique ce procédé sur les différents supports d’éditions d’art destinées au grand public : cartes postales, posters, timbres, livres d’histoire de l’art, documentaires vidéo. L’artiste s’approprie ces reproductions en leur offrant une nouvelle vie qui donne lieu à l’édition de nouvelles cartes postales, nouveaux posters vendus à leur tour dans le circuit marchand habituel : les boutiques de musées par exemple. L’ensemble de ces pratiques relève de l’infiltration : détournement puis remise en circulation d’une image. C’est enfin une véritable intrusion dans l’histoire de l’art « à coups de cutter » !

« Autoportrait en artiste contemporain », est une série de portraits réalisés dans différentes bibliothèques qui montrent le visage de l’artiste « photocopié », coincé entre les monographies d’artistes précédant et suivant son propre nom dans le rayon (709 du code d’indexation DEWEY), entre Beuys et Boltanski, par exemple.
Illustration non contractuelle à caractère d’ambiance, consiste à repenser le lieu d’exposition en empruntant l’esthétique réservée habituellement aux projets immobiliers : l’artiste fait appel à une agence d’illustration spécialisée dans la vente immobilière et lui commande le portrait du bâtiment en modélisation 3D. La mention « Illustration non contractuelle à caractère d’ambiance » qui figure sur la plupart des illustrations de projets d’habitation et protégeant les promoteurs d’éventuelles réclamations, donne son titre à l’œuvre. L’image créée, reprenant tous les codes publicitaires propres à ce type de représentation (aménagement paysagé, sécurité et convivialité, ciel bleu, « bonne ambiance » générale…), est ensuite installée sur un panneau 4 x 3m à l’entrée du lieu d’exposition resté vide, tandis qu’un « algeco » au pied du panneau fait office de bureau d’accueil (projet réalisé en 2003 spécialement pour une exposition à la Ferme du Coulevrain à Sénart ).

L’exposition sera également l’occasion de découvrir plusieurs pièces de la série « Sans titre ». Il s’agit de représentations de bâtiments régies par le droit à l’image (Stade de France, Géode, BNF, etc.), pixellisées à la manière des médias (pour conserver l’anonymat de témoins), réalisées sur différents supports : bâche, cartes postales, vidéos, bons à tirer…). La légende Sans titre, habituellement utilisé comme un titre par défaut, prend ici tout son sens. En effet, Raphaël Boccanfuso contourne les règles contemporaines du droit à l’image de certains bâtiments « copyrightés » en questionnant la notion de propriété et plus précisément la privatisation de l’espace public.

Parce que ça les vaut bien, une édition de toiles imprimées en 30 exemplaires sera réalisée à l’occasion de cette exposition (116 x 89 cm).

Article sur l’exposition
Nous vous invitons à lire l’article consacré à cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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