ART | CRITIQUE

La galerie est heureuse de vous inviter à la nouvelle exposition de Pierre Bismuth

PPaul Brannac
@15 Oct 2010

«La galerie est heureuse de vous inviter à la nouvelle exposition de Pierre Bismuth». C’est le titre. Le titre de la nouvelle exposition de Pierre Bismuth. Qui se tient à la galerie Bugada & Cargnel jusqu’au 6 novembre de cette année. Ceci n’est pas le titre. C’est une information complémentaire.

La nouvelle exposition de Pierre Bismuth qui se tient à la galerie Bugada & Cargnel ne présente qu’une œuvre. L’œuvre exposée est de Pierre Bismuth.

En réalité, dans le petit espace oblique comme un ratacoin au fond de la galerie sont exposées une dizaine d’autres œuvres d’une demi-douzaine d’autres artistes, mais ces œuvres ne sont pas de Pierre Bismuth.

L’œuvre de Pierre Bismuth, qui occupe donc tout l’espace de la galerie, reproduit méticuleusement la banque d’accueil de ladite galerie, laquelle reproduction est méticuleusement placée au centre, de sorte qu’en entrant on peut croire qu’elle est la véritable banque d’accueil, ou bien une autre.

C’est tout à fait troublant, nos «codes perceptifs préétablis» sont tout à fait troublés.

Pourtant, si l’on se hasarde à faire le tour de la reproduction, avec la gaucherie de celui qui s’apprête à soulever un jupon, on se rend compte que la reproduction est un décor. D’ailleurs, on aurait pu s’en douter, puisque le décor est posé sur des panneaux de bois qui le surélèvent et humilient par conséquent le visiteur qui souhaite converser avec la dame de la fausse banque; la dame est en revanche une vraie dame.

Il y a donc répétition et différence, comme aurait dit Deleuze. Mais il y a surtout «principe de distanciation brechtien», comme dit le communiqué de presse, lequel principe vise à «fictionnaliser le travail de bureau» (pourtant, la vraie dame travaille vraiment: l’ordinateur est allumé), de même qu’il «historicise la galerie».

Ce double mouvement amène inévitablement le spectateur «à un minimum d’esprit critique», parce qu’un minimum ça va, un maximum est souvent un peu trop. On aurait alors sans doute perdu la «corde déceptive» sur laquelle joue «radicalement» l’installation.

Il s’agit donc de la nouvelle exposition de Pierre Bismuth, à la galerie Bugada & Cargnel, jusqu’au 6 novembre, c’est sis 7 rue de l’Equerre, après l’angle.

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