ÉCHOS
01 Jan 2002

La danse entre au musée !

Souvenons nous, c’était en 2008. Fraîchement nommé à le tête du Centre chorégraphique national de Rennes, Boris Charmatz proclamait, par le biais d’un manifeste engagé, les premiers principes d’un établissement unique : un musée entièrement consacré à la danse.  Ce projet, qui devrait voir le jour courant 2009, propose de réunir patrimoine et éphémère autour d’une seule ambition : surprendre pour comprendre… 

Par Coline Arnaud

Ce n’est plus désormais une révélation, mais la France, depuis déjà 50 ans, est le pays des musées. Avec plus de 3000 établissements répertoriés sous cette appellation, elle dépasse largement les autres pays européens. De tailles et d’intérêts divers, ces structures s’attachent à préserver le patrimoine national quelle que soit sa forme et sa fonction. « Il existe des musées de tout, disait Malraux, mais existe t’il des musées nouveaux ? ». Le mouvement impulsé par Boris Charmatz pour l’ouverture du musée de la danse semble prouver que renouveler le concept de ces lieux de conservation tout en préservant ses principales fonctions est possible et même essentiel pour le futur de ces institutions.

L’idée n’est pourtant pas nouvelle. En 2006 s’ouvrait à Moulins le Centre national du costume de scène, qui proposait pour la première fois la synthèse apparemment impossible de l’éphémère du textile et de la pérennité d’un lieu de mémoire. Dévolue à l’univers des arts du spectacle en général, cette structure inventait un nouveau style muséographique basé sur l’interactivité et le vivant. Des visites théâtrales aux ballets organisés au sein même des expositions, il réinventait l’approche du musée sans en altérer le sens intrinsèque. Pris à partis, le visiteur se laissait aller à devenir spectateur d’un soir, acteur voir même costumier grâce à une scénographie inventive qui n’hésite pas à affirmer son goût pour le jeu et le plaisir. Pourtant, la concrétisation de ce type de structure ne pouvait se faire, selon les autorités politiques en charge du projet, sous le nom de musée. Le terme de centre devait illustrer la diversité des activités proposées et réduire le fossé entre la population locale et le CNCS.

Boris Charmatz refuse quant à lui de faire disparaître son projet sous un nom trop équivoque, dont le sens se perd dans les multiples usages du quotidien. Il affirme la résurgence de ce que les études de Bourdieu qualifiaient de temple passéiste. Loin d’être un frein à la créativité du chorégraphe, ce titre résonne à nouveau de promesses d’avenir. Sous son impulsion, et dans la lignée directe du CNCS, le musée de demain sera provoquant, vivant, pluridisciplinaire. Paroxysme des contraires, il réunira sans complexe mémoire et actualité, vivants et morts, immédiateté et pérennité. Synthèse de collectifs d’artistes, des ateliers de créations et des centres culturels de quartiers, il témoigne de la nécessité de puiser dans la diversité des propositions culturelles des solutions alternatives pour construire le musée de demain.

Le premier temps fort de ce chantier se déroulera entre le 22 et 26 avril 2009, l’occasion d’inaugurer Le Garage, nouveau lieu pour la danse à Rennes, et de découvrir, entre autres propositions, deux premières expériences : Roman photo et Petit Projet de la matière. L’une avec des non-danseurs, l’autre avec des enfants, chacune à sa manière s’appropriant librement une partie de notre patrimoine chorégraphique.

 

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