ÉCHOS
15 Nov 2011

La culture, une nourriture essentielle qui sera plus chère

PCommuniqué de presse
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Face à l’annonce de la hausse du taux réduit de la TVA, François Deschamps, président de l’Association nationale Culture et Départements, réagit. Pour lui, «Le gouvernement cherche de l’argent tous azimuts. Mais s’agissant de la culture, le jeu en valait-il la chandelle, compte tenu de son poids relativement modeste dans l’économie française?»

Jusqu’alors, le secteur culturel avait surtout été touché par des baisses de subventions, tant du côté de l’Etat que de certaines collectivités territoriales. Aujourd’hui, il est attaqué sur un autre front, par des mesures d’ordre plus général qui touchent aux taxes.

L’Assemblée Nationale a tout d’abord adopté le 21 octobre, dans le cadre de l’examen de la loi de finances pour 2012, l’amendement gouvernemental n.431 visant  à plafonner le niveau des taxes affectées aux opérateurs que sont le Centre national des variétés, l’Association pour le soutien au théâtre privé, le Centre des monuments nationaux, le Centre national du cinéma et de l’image animée ou encore le Centre national du livre. Au-delà du plafond fixé, le dispositif envisagé prévoit dorénavant le reversement, au budget général de l’Etat, des produits qui dépasseront ce plafond. Cela revient à bloquer le développement de ces organismes redistributeurs qui participent au développement culturel de notre pays.

Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé le 7 novembre une hausse du taux réduit de TVA de 5,5% à 7%, qui pourrait impacter notamment la billetterie et les cessions de spectacles, et qui affectera  la vente des livres, mais aussi les tickets de cinéma et les abonnements télévisés (…)

Cette hausse va venir amputer les marges artistiques des entreprises artistiques et culturelles qui reçoivent des subventions publiques, ce qui impactera l’emploi artistique et technique… alors qu’elles sont déjà en difficulté dans le contexte actuel de baisse des subventions (…)

Le surcoût du prix des livres va avoir un certain nombre de conséquences: réduire le nombre et la diversité des livres achetés par les bibliothèques ou les centres de documentation;  précariser ceux qui ont besoin de livres mais ne pourront plus le faire (par exemple les étudiants); et enfin tuer définitivement les librairies indépendantes qui sont déjà au bord de l’asphyxie pour les plus petites (…)

Finalement il faut prendre acte qu’aujourd’hui les biens et services culturels ne sont plus considérés comme «des biens de première nécessité» (ce qui justifiait le taux réduit de TVA à 5,5%), et que l’Etat  a cessé de défendre une certaine «exception française en matière culturelle», ce qui était pourtant sa marque de fabrique dans le monde.

D’accord, le gouvernement cherche de l’argent tous azimuts. Mais s’agissant de la culture, le jeu en valait-il la chandelle, compte tenu du poids relativement modeste du spectacle vivant et de l’édition dans l’économie française, et de son rôle par contre irremplaçable pour le savoir, l’intelligence et la beauté du monde?

François Deschamps, La culture, une nourriture essentielle qui sera plus chère, Portail des professionnels territoriaux, 12 nov. 2011 (http://www.territorial.fr)

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